Se protéger des poussières et préserver sa santé

« Si les maladies respiratoires aiguës restent rares, les symptômes respiratoires sont communs chez les éleveurs de porcs et de volailles, particulièrement exposés aux particules et à l’ammoniac », a souligné Marion Ruch lors de la journée d’information organisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne à Loudéac début décembre. Bronchites, allergies, irritation des muqueuses et des yeux, écoulement nasal, asthme, maux de tête… sont autant de symptômes pouvant affecter les éleveurs. L’étude AirEleveur menée dans 21 élevages de poulets de chair situés en Bretagne, a permis de mieux évaluer la qualité de l’air ambiant et les niveaux d’exposition des travailleurs.
Forte exposition durant l’inspection de fin de bande
Les éleveurs ont globalement conscience du risque lié aux poussières : 90 % des personnes interrogées l’ont cité, un tiers à deux tiers des éleveurs ont parlé de l’ammoniac et du monoxyde de carbone. Mais en revanche, d’après l’enquête, ils sous-estiment le niveau d’exposition aux poussières/gaz au moment de l’inspection des animaux de fin de bande, à leurs yeux, ce sont les opérations de primo-paillage et de ramassage des volailles qui sont les plus à risque.
Connaissance du risque ne rime pas pour autant avec mise en place de mesures préventives : seulement 50 % des éleveurs interrogés portent un masque de protection au moment du primo-paillage, autour de 20 % lors du ramassage et du curage et 28 % lors de l’inspection de fin de bande.
Le port du masque est cependant systématiquement cité par les éleveurs parmi les solutions à mettre en place pour limiter les risques, au même titre que la mécanisation des tâches et le fait de ventiler davantage.
En réalité, « le taux d’exposition aux poussières lors du paillage est un peu plus faible lorsque l’opération est mécanisée (1,19 mg/m3 contre 1,46 mg/m3 en version manuelle) mais ce n’est pas la solution miracle », souligne Coline Brame (CA de Bretagne). Elle recommande de fermer la cabine durant le paillage et de changer régulièrement les filtres du tracteur.
Quant à l’idée de ventiler davantage en ouvrant les portails, elle est contre-productive : la concentration en poussières mesurée est alors bien plus élevée que si l’éleveur ne modifie rien. « Le fait d’ouvrir les portails perturbe les circuits d’air et remet en suspension des particules, ce qui est embêtant car l’éleveur ne peut pas pailler son bâtiment avec les portails fermés (passage du tracteur ou autres). Nous pensons que la ventilation est une bonne pratique lorsque l’on souhaite extraire les grosses particules mais les particules fines, elles, se diffusent dans tous les sens ! Ce sont des hypothèses qui doivent être validées par de prochaines études ! », explique-t-elle.
Masque : conditions d’une bonne utilisation
Le port de masque apparaît encore comme la meilleure solution préventive à mettre en place. Néanmoins, son efficacité demande de remplir un certain nombre de conditions comme l’a expliqué François Lustenberger de la société Honeywell Safety Products, spécialisée dans la conception et fabrication de masques de protection à usage unique.
« Certaines personnes portent le masque uniquement pendant l’action, c’est une grave erreur, car les particules restent en suspension dans l’air. Dans le même esprit, il faut mettre en place son masque dans un endroit sain (non contaminé) et pas à l’intérieur du bâtiment »,met-il en garde.
Le masque doit être adapté à la forme et à la taille du visage, « il faut l’essayer avant de l’acheter et suivre les conseils du fabricant afin de bien le positionner. Dans la plupart des cas, Il doit être porté le plus haut possible sur le nez afin de réduire les fuites. C’est aussi très important d’être bien rasé, sinon il y a des fuites au visage, les particules pénètrent même au travers d’une barbe naissante », recommande-t-il. « Le masque assure une bonne protection jusqu’à huit heures (une journée de travail), après les caractéristiques mécaniques du produit se dégradent », explique-t-il.
Les masques de protection FFP1 sont les plus économiques et souvent les plus « respirant ». Ils sont une réponse adaptée aux polluants et concentrations mesurés par la chambre d’Agriculture via l’étude AirEleveur et dans le cadre de la législation actuelle. Il est possible d’avoir une protection FFP1 avec soupape expiratoire afin d’augmenter l’aisance respiratoire, diminuer la chaleur et l’humidité à l’intérieur du masque. La soupape améliore fortement le confort du porteur. « Il existe des masques moulés et pliables qui peuvent avoir différents types ou formes de joints d’étanchéité ainsi que de systèmes d’attaches (lié au confort et au niveau de protection).
François Lustenberger a ensuite fait une démonstration en direct : il faut attacher le masque (un élastique au-dessus de la tête, un autour du cou), l’ajuster sur le nez puis fermer la barrette nasale de haut en bas. Vérifier l’ajustement par un « Fit check ».