Premier bilan de l’observatoire du portage des helminthes

27 novembre 2020 - Anne-Christine Dufay-Lefort (Itavi)

L’observatoire du portage des helminthes, mis en place par l’Itavi et l’Anses, donne un premier aperçu de la réalité du portage parasitaire chez les volailles de chair ayant accès à un parcours, grâce à la mise au point d’une nouvelle méthode de diagnostic. Plus d’une vingtaine de laboratoires vétérinaires, privés et publics sont formés à la méthode et peuvent proposer ce diagnostic.

Les filières avicoles évoluent vers davantage d’élevages en plein air. Ces animaux présentent un risque d’exposition plus élevé aux parasites présents sur les parcours, tels que les vers.

Ces vers, ou helminthes, peuvent entraîner chez les volailles, de la diarrhée, des obstructions intestinales, des chutes de ponte et des baisses de croissance. Elles peuvent véhiculer d’autres parasites comme Histomonas et, dans les cas extrêmes, induire de la mortalité. Leur pouvoir pathogène dépend de l’espèce, de sa localisation dans le tube digestif et de la charge parasitaire.

En routine, Il est nécessaire de surveiller les niveaux de contamination en lien avec les programmes de vermifugation mis en place. Seulement jusqu’ici, les méthodes de diagnostic utilisées ne permettaient pas de déterminer précisément l’importance du portage parasitaire chez les volailles.

Pour répondre à ces questions, l’Itavi a mis en place, avec l’aide de l’Anses, un observatoire du portage des helminthes chez les volailles ayant accès à un parcours. Un consortium composé de laboratoires d’analyses et d’organisations de producteurs volontaires a été créé pour d’assurer la collecte des échantillons dans 94 élevages de chair et ponte (de juin 2019 à mars 2020) et leur analyse. Ce projet a reçu le soutien de trois laboratoires pharmaceutiques.

Tous les helminthes, même les plus petits !

La coproscopie ou l’examen direct des intestins à l’autopsie ne sont pas suffisamment fiables. En effet, il n’est pas toujours possible de retrouver et d’identifier des éléments parasitaires ou des œufs dans les fientes, car la ponte des parasites est parfois faible ou intermittente. Par ailleurs, il est impossible de voir à l’œil nu, dans les intestins, les petits vers, tels que les capillaires, qui pourtant sont parmi les plus pathogènes, ou les petits vers plats tels Davainea.

La nouvelle méthode de dépistage, mise au point par l’Anses, s’appuie sur une purification des vers par tamisages successifs (1 mm et 250 µm) à partir d’un pool d’intestins et caeca prélevés sur quatre poulets à l’autopsie. L’observation des vers et œufs retenus sur les tamis, se fait sur fond noir. Cette méthode permet d’identifier et de dénombrer tous les helminthes présents, même les plus petits, de manière simple et précise.

A ce jour, 21 laboratoires vétérinaires, privés et publics, dans toute la France, (liste disponible sur demande auprès de l’Itavi (lefort@itavi.asso.fr),  sont formés à la méthode et peuvent proposer ce diagnostic, le plus souvent sur demande.

Le portage plus fréquent qu’on ne le croit !

Les modalités d’enquête et les résultats d’analyse pour la production poulets de chair plein air (bio ou label) sont décrits dans l’encadré 1.

36% des 40 élevages enquêtés étaient infestés par des helminthes, exclusivement par deux espèces de nématodes : Ascaridia était plus fréquent et présent en plus grande quantité que Heterakis. L’absence des cestodes, à la différence de nos observations chez les poules pondeuses, s’explique très probablement par la durée d’élevage plus courte des animaux qui se traduit par un nombre de jours d’accès à l’extérieur plus court et donc un risque d’exposition aux parasites plus faible.

Les animaux sont exposés aux parasites environ 40 jours (selon le système de production), dès l’ouverture des trappes.

Des premières données à consolider

Cet observatoire a permis une prise de conscience des éleveurs, des organisations de productions et des vétérinaires : le parasitisme interne est clairement un problème sous-estimé. L’efficacité de la méthode de diagnostic des helminthes déployée dans les laboratoires a été vérifiée et nos données révèlent des fréquences et niveaux de portage des helminthes non négligeables.

A présent, il est nécessaire de poursuivre la collecte de données couvrant un plus grand nombre d’élevages, permettant de tirer des conclusions sur les méthodes de prévention (en particulier les solutions alternatives) mais également en prenant en compte des données relatives aux bâtiments, aux parcours et à leur entretien, qui peuvent influer sur la pression parasitaire. Ces éléments permettraient de définir des facteurs de risque et de mieux cibler les actions préventives. 

Auteur : Anne-Christine Dufay-Lefort (Itavi)
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