Morts en caisse : quelles sont les causes ?

10 novembre 2020 - Filières Avicoles

Pathologie, trauma, coup de chaleur… Cette semaine Claudio Chimienti, Vétérinaire à Quintin et référent RESAGRO pour les abattoirs de volaille au niveau de RCS (Reseau Cristal Services) décrypte les différentes causes de mortalité à l’arrivée à l’abattoir.

Quels sont les seuils de tolérance concernant la mortalité à l’arrivée à l’abattoir ?

Les seuils de tolérance, ou critères d’alerte officiels à déclarer aux SVI (Services Vétérinaire d’Inspection) concernant les morts en caisse dépendent du type de production. Il est par exemple fixé à 1 % en dinde, 0,5 % en canard de chair. En poulet, la réglementation française tolère jusqu’à 2 % de morts à l’arrivée. 2 % c’est énorme quand on sait que les moyennes européennes tournent plutôt autour de 0,3 %.

L’objectif est clairement d’amener ce taux à zéro, mais il est évidemment différent de transporter des poulets de 2,8 kg en plein été sur de longues distances ou des poules pondeuses de réforme, que de transporter des coquelets sur de courtes distances. C’est pour cela que chaque abattoir a déjà crée de façon plus ou moins explicite (soit rédigé dans les PMS, soit bien connu par les opérateurs) ses propres seuils d’intervention, en fonction de son calibre, matériel de ramassage et transport, installations d’attente à l’abattoir et de la saison. Les critères d’alerte officiels sont des limites a ne jamais dépasser à fin de permettre de respecter le BEA et d’assurer la sécurité sanitaire des aliments, mais l’industrie se doit d’utiliser des limites bien plus strictes.

Quelles sont les différentes causes de mortalité en caisse ?

On peut identifier trois causes de mortalité.

- La première est d’origine pathologique. Ce sont des animaux fragilisés par une maladie, qui succomberont plus facilement pendant le transport. Ces volailles auraient de toute façon été déclassées ou retirées ;

- La seconde cause de mortalité est traumatique, liée à des ramassages violents ou non conforme. Les hémorragies internes peuvent être de trois types : des hémorragies viscérales, avec un trauma provoquant une fracture du foie ; des hémorragies liées à des luxations coxo-fémorales (la prise d’un animal lourd par une seule patte peut provoquer la luxation de la jambe et la déchirure de la veine ou de l’artère fémorale, provoquant une hémorragie entre la cuisse et l’abdomen) ;enfin des hémorragies liées au ramassage mécanisé, lorsque par exemple le tapis n’est pas bloqué d’une cage à l’autre et projette un animal contre le bord de la cage ou contre le container, ou lorsque le container est refermé sur la tête de l’animal. En fonction du trauma, l’animal sera soit déclassé, soit il décède pendant le transport

- La troisième cause de mortalité est le coup de chaleur. Celui-ci peut avoir plusieurs origines : transport ou attente à l’abattoir. Cela peut-être lié aux températures extérieures élevées bien sûr, mais aussi à un manque de ventilation (sachant que les besoins en ventilation sont très forts). En abattoir, la partie vif est généralement gérée comme la partie frigo, par des frigoristes. Alors que la ventilation de la partie vif devrait plutôt être gérée comme en élevage. Enfin, la mortalité par coup de chaleur peut aussi être liée à un défaut de mise à jeun. Les animaux en pleine digestion avec les jabots et les estomacs pleins sont plus sensibles aux coups de chaleur, même sur des durées de transport courtes. 

Quels conseils donneriez-vous pour anticiper et réduire le nombre de morts en caisse pendant le transport à l’abattoir ?

Pour limiter les morts en caisses, qui représentent une perte de rentabilité pour l’ensemble de la filière, la première chose est de déterminer l’origine, et ensuite de chercher les actions correctives adaptées à l’origine du problème. Il peut être également nécessaire de calculer s’il est intéressant financièrement de mettre en place un plan d’action, en fonction du pourcentage de mort en caisse. Un plan d’action peut également être justifié par rapport à une démarche qualité.

Plus généralement, il est important de faire le lien entre l’élevage et l’abattage. L’élevage doit comprendre les problématiques actuelles de l’abattoir, dont le métier est de faire de la viande de qualité, dans le respect du bien-être animal et des différents cahiers des charges et l’abattoir a besoin de comprendre les contraintes économiques de l’élevage et c’est pour cela que le lien entre ces deux secteurs est primordial. D’autant plus que les marges ont tendance à se réduire des deux côtés et que les morts en caisse représentent une perte sèche pour l’amont comme pour l’aval.

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