Pouvez-vous rappeler les enjeux liés à la qualité de l’eau ?
La qualité de l’eau est fondamentale puisque l’eau est le premier aliment ingéré par les volailles. Celles-ci consomment en effet deux fois plus d’eau qu’elles ne consomment d’aliment. On connaît les dégâts d’un aliment de mauvaise qualité sur la santé des animaux. Par conséquent, on comprend ainsi qu’une mauvaise qualité de l’eau peut avoir des conséquences désastreuses sur la santé des volailles.
Il y a quelques années, on avait mesuré que des eaux non potables pouvait impacter à hauteur de 15 à 20 % la marge PA d’un éleveur, avec des écarts types assez faibles — c’est-à-dire qu’il y avait une très forte corrélation entre eau non potable et dégradation des performances.
Quels sont les premiers signes qui doivent alerter ?
Les premiers signes, ce sont les problèmes de tenue de litière chroniques. Globalement, toutes les pathologies chroniques non définies dans un domaine digestif ont toutes les chances de trouver une origine dans l’eau. À l’inverse, si les litières sont sèches, l’eau est probablement de bonne qualité.
Les eaux de boisson de mauvaise qualité sont souvent à l’origine de troubles digestifs dans un premier temps, et dans un second temps, elles sont responsables de dégradations de performance, pathologies infectieuses et tout un cocktail de surinfections secondaires pouvant occasionner des pertes importantes au sein d’un troupeau.
Quelles sont les raisons les plus fréquentes d’une mauvaise qualité de l’eau ?
La non-potabilité repose uniquement sur la bactériologie, et non la chimie. Cette dernière permet seulement de mettre en évidence des éléments indésirables en routine (Fer, Nitrates, Manganèse, Dureté et pH) qui ne constituent aucunement des critères de non potabilité. Pour faire simple, dans une eau de mauvaise qualité, on retrouve des marqueurs de contamination fécale en quantité plus ou moins importante. L’origine de ce problème peut être multiple.
La première cause et la plus évidente est l’absence de traitement. Toute eau, même potable à l’origine, si elle n’est pas traitée, a toutes les chances d’être contaminée par des poussières d’origine fécale.
Ensuite, cela peut aussi être lié à un traitement non adapté à la chimie de l’eau. . Chaque élevage a une eau particulière, avec une chimie particulière et ne pourra pas être traitée de la même façon que celle du voisin. Il faut donc avoir un traitement adapté à la chimie de l’eau de son élevage. Cela concerne notamment le chlore, qui est particulièrement sensible à la chimie de l’eau, notamment au pH, à la dureté et à la teneur en fer.
Autre cause : un problème d’entretien des canalisations. Un biofilm va se former dans les canalisations, et le biocide utilisé, même s’il est adapté à la chimie de l’eau, va être consommé par le biofilm et ne se retrouvera pas en quantité suffisante pour arriver jusqu’au bout de la ligne. Ce sont par exemple des canalisations qui sont mal nettoyées (voire pas du tout nettoyées) lors du vide sanitaire, et qui laissent donc s’implanter un biofilm qui va progressivement encrasser la canalisation et contaminer l’eau de manière durable.
Enfin, on peut avoir une station de traitement de l’eau qui n’est pas assez efficace. Sur le terrain, on constate parfois des stations sans cuve contact. Des petites doses de biocide sont injectées directement dans les canalisations, à intervalle régulier. Le manque d’homogénéité du mélange peut permettre aux biofilms de se développer malgré le traitement.
La chimie de l’eau peut-elle évoluer au cours du temps ?
Sur le plan chimique, l’eau est relativement stable. On peut avoir des variations en termes de dureté en cas de forte sécheresse. On a observé également quelques variations par rapport au fer, avec des forages très riches en fer, devenus riches en manganèse, le fer ayant plus ou moins disparu. Ce sont des variations qui peuvent apparaître très occasionnellement, lors d’un changement dans la nappe, mais globalement la chimie est relativement stable.
Comment vérifier que le traitement est efficace ?
Quand on traite une eau de boisson, l’eau doit premièrement être désinfectée par le traitement mis en place, mais elle doit rester désinfectante jusqu’au bec des oiseaux. Autrement dit, à la pipette la plus éloignée du centre de traitement, on doit retrouver du biocide sous sa forme active, avec la quantité minimale efficace.