En effet, il y a 25 ans, le groupe Orvia a identifié, sur des canetons, un phénotype particulier résultant des mécanismes naturels d’évolution des espèces. Ces canetons présentaient des yeux rouges, comme cela peut être observé chez l’homme dans certains cas de daltonisme.
Cette mutation naturelle a représenté un tournant majeur pour Orvia. En effet, ces mécanismes d’évolution ont une fréquence d’apparition extrêmement faible, évaluée, selon les espèces, à un sur plusieurs millions voire plusieurs milliards dans l’occurrence spontanée de l’événement. De plus, des analyses menées ces dernières années ont montré que ce caractère est lié aux chromosomes sexuels et reste stable dans le temps. Et c’est effectivement ce qui a été observé sur les canetons de la nouvelle lignée aux yeux rouges. Cela n’avait encore jamais été mis en évidence chez les palmipèdes.
Sexage dès la première phase du développement embryonnaire
Après avoir identifié et isolé ces animaux, Orvia a développé une nouvelle lignée au phénotype homogène et stable au fil des générations, tout en maintenant les performances intrinsèques de cette souche. Cette population parfaitement stabilisée est conservée soigneusement au sein du pool génétique du sélectionneur.
À leur naissance, les produits d’un jour Mulard Orvia sont dits « autosexables ». En effet l’identification du sexe du caneton se fait à partir de la couleur de ses yeux. Ainsi, comme cela peut être le cas chez la poule pondeuse à œufs bruns, où les poussins mâles sont jaunes et les poussins femelles sont roux, les femelles Mulard Orvia portent des yeux rouges et les mâles des yeux noirs. Cela permet de réaliser un tri rapide à l’éclosion, d’éviter les erreurs de sexage et de favoriser le bien-être au travail des équipes au couvoir. Ce signe distinctif physique est exclusif aux souches Orvia.
Orvia a donc exploré l’autosexabilité de ses souches et a mis au point la machine SOC, permettant de sexer l’œuf dès la première phase du développement embryonnaire.
Dans un engagement en faveur du bien-être animal, des demandes sociétales et l’implication du groupe dans la filière foie gras, le pôle R&D d’Orvia a entrepris, depuis 2010, des travaux de recherche sur le « sexage dans l’œuf » qui sont sur le point d’être récompensés. Cette méthode non invasive va en effet éviter l’incubation d’œufs femelles Mulard dont les débouchés sont limités.
L’œil est un des organes qui se forme très précocement au cours du développement embryonnaire de tout vertébré, y compris chez le canard. Proportionnellement à la taille de l’embryon, il représente une taille bien plus importante qu’à l’âge adulte, ce qui le rend facilement repérable. L’embryologie de l’œil a donc offert une opportunité unique d’étudier le sexage « in ovo », pour identifier et trier les femelles des mâles pendant la première phase d’incubation, à partir de la couleur de l’œil de l’embryon.
Caneton mâle
Caneton femelle
La machine SOC, une innovation de haute technologie
Ces importantes recherches ont permis d’aboutir à l’élaboration de la machine SOC (Sexage Œuf de Canard), procédé unique doté d’un système d’analyse automatique d’images acquises par caméra. « Cette innovation utilisant les dernières technologies de pointe en matière d’optique, permet de déterminer la couleur des yeux à travers la coquille de manière précoce, fiable et rapide, et donc de repérer les mâles des femelles » assure Bernard Alletru, directeur de Gourmaud Sélection. Plusieurs années de tests ont été nécessaires pour que le prototype de la machine évolue et atteigne le taux de fiabilité d’au moins 95 %, un seuil nécessaire pour le lancement de la phase d’industrialisation.
En septembre prochain, Orvia validera le prototype final de la machine et pourra incuber, au sein de sa filiale Couvoir de la Seigneurtière, début 2021, les premiers œufs Mulard sexés in ovo. Il s’en suivra alors une phase de développement du procédé de la machine SOC.
À cette date, des informations détaillées et une vidéo de démonstration du process SOC seront diffusées et mises en ligne sur le site www.orvia.fr.