La vaccination, un outil de plus dans la lutte contre l’influenza aviaire

30 octobre 2023 - Filières Avicoles

Sélectionné pour mettre à disposition son vaccin contre l’influenza aviaire, Boehringer Ingelheim publie un dossier complet sur le fonctionnement et les attentes de la stratégie vaccinale mise en place depuis début octobre.

L’influenza aviaire est une maladie extrêmement contagieuse et réglementée en France et jusque-là majoritairement associée à des épisodes hivernaux efficacement contrôlés. Mais l’épizootie actuelle, due au virus H5N1 hautement pathogène et qui sévit à l’échelle mondiale depuis 2020, est inédite. Son bilan est lourd. 

Comme les autres virus influenza A (les virus de la « grippe »), le virus influenza aviaire (IA) se caractérise par une grande variabilité, liée à des capacités de mutation et d’adaptation hors-normes. Il s’agit en effet d’un virus à ARN (acide ribonucléique) segmenté, ce qui explique ses capacités évolutives. Le virus présente 8 segments antigéniques, qui codent 10protéines, dont les glycoprotéines de surface que sont l’hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N), impliquées dans la virulence du virus et utilisées pour les typer. Il existe 16 sous-types d’hémagglutinine (H1 à H16) et 9 de neuraminidase (N1 à N9). Le virus impliqué dans l’actuelle épizootie mondiale est un sous-type H5N1. 

Des souches faiblement ou hautement pathogènes 

Ce virus est également unique sur le plan clinique, car les symptômes qu’il provoque varient de l’infection subclinique (avec des signes cliniques frustres comme des baisses de consommations et de production, une chute de ponte par exemple) à des signes d’une gravité extrême associés à un taux élevé de mortalité (allant jusqu’à 100 %). Les souches virales sont ainsi classées, selon leur virulence, en « hautement pathogènes » (IAHP), qui provoquent une infection systémique rapidement mortelle, ou « faiblement pathogènes » (IAFP), à l’origine d’une infection locale, respiratoire ou digestive (même si certains virus classés FP peuvent provoquer énormément de pertes comme le H3 qui a sévi en Belgique en 2017). Ce sont évidemment les souches IAHP qui sont problématiques en élevage. Mais une simple mutation d’une souche IAFP (touchant un seul acide aminé d’un gène) peut générer une souche IAHP. C’est ce qui semble se produire lorsque le virus IAFP circule largement et longtemps dans un élevage. Les virus FP sont surveillés et gérés dans les productions les plus exposées. 

Sur le plan moléculaire, la virulence des souches IAHP est liée à leur site de clivage. Pour devenir infectieux, l’hémagglutinine du virus sera clivée en 2 sous-unités (HA1 et HA2) par des protéases présentes dans la cellule hôte. Les trypsines présentes dans le poumon et l’intestin de l’animal ont cette capacité de clivage, ce qui explique le tropisme pulmonaire et digestif du virus IAFP. Le site de clivage des virus IAHP a la particularité d’être clivable par de nombreuses protéases présentes dans la plupart des cellules de l’organisme (encéphale, cœur, muscles...), d’où la multiplicité des lésions occasionnées et la gravité de l’infection. 

Le canard : excréteur massif du virus 

Les lésions et leurs conséquences cliniques sont variables selon le type de virus IA en cause, mais aussi selon l’espèce d’oiseau infectée, l’âge et le statut immunitaire de l’animal, les éventuelles coïnfections, l’environnement... 

Le virus IA cible toutes les espèces de volailles (poulets, pintades, etc.). « Des cas ont été détectés dans toutes les filières de production en France, notamment au printemps 2022 alors que la pression infectieuse était particulièrement élevée », précise le Dr Jocelyn Marguerie, président de la Commission aviaire de la SNGTV. « Les palmipèdes semblent toutefois plus réceptifs que d’autres espèces », ajoute-t-il. Le virus présente chez eux une capacité supérieure à se multiplier et donc à se diffuser. Chez le canard infecté, l’excrétion virale est massive (largement supérieure à celle des autres oiseaux), ce qui favorise la dissémination du virus.
Les premiers signes d’infection sont parfois discrets chez les canards, qui peuvent ne présenter qu’une baisse d’activité, détectable toutefois au travers du comportement alimentaire. 

Le polymorphisme clinique amène à rechercher, signaler puis explorer chaque déviation de normalité.
La dinde présente une sensibilité particulière aux virus IAHP de sous- type H5 : la dose minimale létale dans cette espèce est faible, bien inférieure à celle du canard. La mortalité est donc fréquente et rapide. Ainsi, dans les territoires où sont élevées massivement plusieurs productions de volailles, la maladie adopte un caractère explosif. 

Confirmation et typage : un travail de laboratoire 

Les signes cliniques engendrés par la circulation du virus influenza ne sont pas spécifiques. L’influenza aviaire entre ainsi dans le diagnostic différentiel d’autres affections et sa confirmation repose sur des analyses de laboratoire. Chez l’oiseau adulte, une baisse de ponte violente et rapide est un critère de suspicion. Le décès est souvent rapide, mais le taux de mortalité varie : il est parfois très bas (moins de 1 %) avant d’augmenter, et la suspicion s’établit généralement avant l’observation d’une mortalité significative. 

En pratique, l’autopsie des premiers cas révèle une congestion des organes et la présence de points blancs sur la rate. Un test antigénique semi quantitatif peut être effectué in situ pour renforcer la suspicion. Mais la présence du virus influenza sera confirmée par analyse PCR (dont les résultats sont disponibles en quelques heures). 

Chez l’oiseau adulte, une baisse de ponte violente et rapide est un critère de suspicion. Le décès est souvent rapide, mais le taux de mortalité varie : il est parfois très bas (moins de 1 %) avant d’augmenter, et la suspicion s’établit généralement avant l’observation d’une mortalité significative. 

Confirmation faite, le sous-type viral sera précisé, ainsi que sa pathogénicité (FP ou HP), déterminée par le laboratoire national de référence (LNR influenza, Saint-Brieuc). Les techniques de diagnostic actuelles vont très loin dans la caractérisation génétique du virus. Le variant qui circule actuellement en France, et plus largement dans le monde entier, appartient ainsi au clade H5 2.3.4.4.b. L’influenza aviaire étant une maladie réglementée, la procédure du diagnostic est effectuée en concertation avec les services vétérinaires de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) afin de prendre les mesures administratives adéquates lors de la détection d’un foyer infectieux.
L’identification des lots de volailles exposés au virus peut aussi être faite par sérologie pour rechercher des anticorps. Se dessine ici l’importance de pouvoir différencier la présence d’anticorps en réponse à une infection de celle induite par la vaccination, afin de détecter une circulation virale au sein de lots vaccinés. 

Le traitement des oiseaux infectés n’est pas autorisé en France ; ces animaux, souvent en état de souffrance, sont donc dépeuplés. La stratégie de lutte consiste à prévenir les contaminations et à éliminer le virus dans les foyers infectieux. La vaccination, interdite jusqu’à présent dans les pays de l’Union européenne, est désormais un moyen complémentaire face à la flambée récente des cas, et leur persistance dans le temps du fait de l’épidémiologie très particulière de la maladie. Confirmation faite, le sous-type viral sera précisé, ainsi que sa pathogénicité (FP ou HP), déterminée par le laboratoire national de référence (LNR influenza, Saint-Brieuc). Les techniques de diagnostic actuelles vont très loin dans la caractérisation génétique du virus. Le variant qui circule actuellement en France, et plus largement dans le monde entier, appartient ainsi au clade H5 2.3.4.4.b. L’influenza aviaire étant une maladie réglementée, la procédure du diagnostic est effectuée en concertation avec les services vétérinaires (DDPP) afin de prendre les mesures administratives adéquates lors de la détection d’un foyer infectieux. 

L’identification des lots de volailles exposés au virus peut aussi être faite par sérologie pour rechercher des anticorps. Se dessine ici l’importance de pouvoir différencier la présence d’anticorps en réponse à une infection de celle induite par la vaccination, afin de détecter une circulation virale au sein de lots vaccinés. 

Le traitement des oiseaux infectés n’est pas autorisé en France ; ces animaux, souvent en état de souffrance, sont donc dépeuplés. La stratégie de lutte consiste à prévenir les contaminations et à éliminer le virus dans les foyers infectieux. La vaccination, interdite jusqu’à présent dans les pays de l’Union européenne, est désormais un moyen complémentaire face à la flambée récente des cas, et leur persistance dans le temps du fait de l’épidémiologie très particulière de la maladie. 

Le réservoir sauvage complique l’éradication en élevage 

Les espèces hôtes du virus sont nombreuses mais le principal réservoir se situe dans la faune sauvage, en particulier les canards sauvages, les oiseaux du littoral...
L’avifaune sauvage héberge généralement différents sous-types viraux. Les symptômes sont variables. 

La transmission à d’autres espèces, en particulier les oiseaux sauvages, survient en particulier au moment des déplacements des oiseaux migrateurs, qui s’infectent lors de leur regroupement au pôle Nord. Sur leur chemin, ces espèces survolent les sites d’élevage et se posent dans les parcours extérieurs ou à proximité des points d’eaux, contaminant ainsi les cheptels d’élevage par contact direct ou via les fientes. L’influenza aviaire entraîne ainsi généralement des épizooties hivernales. La France est particulièrement exposée, car elle se situe au croisement de plusieurs couloirs migratoires venant du nord et de l’est. 

Une expansion inédite de l’épizootie 

Les virus influenza sont des virus enveloppés (le brin d’ARN est entouré d’une capside protéique), ce qui les fragilise. Ils persistent peu dans le milieu extérieur et sont sensibles aux détergents et désinfectants usuels. La source de contamination d’un élevage se situe ainsi dans l’environnement proche du bâtiment. 

La prévention des contaminations repose donc d’abord sur la biosécurité, qui désigne les mesures de protection pour empêcher l’introduction des agents pathogènes puis leur dispersion dans l’élevage (accès réservé au personnel, pédiluve à l’entrée, nettoyage et désinfection du matériel, dératisation, etc.). Les contacts avec les animaux des élevages voisins ou avec la faune sauvage sont également à limiter, par l’installation de clôtures par exemple, ou l’aménagement des points d’eau. En période à risque, notamment lors du passage des oiseaux migrateurs, la mise à l’abri des volailles, confinées dans les bâtiments, ou la protection des parcs extérieurs (par des filets), évite leur exposition aux espèces sauvages et diminue ainsi le risque de contamination. 

Lorsqu’un foyer infectieux est détecté, des mesures strictes de police sanitaire s’appliquent, avec l’isolement de la zone et son dépeuplement préventif le cas échéant. Une zone plus large fait l’objet d’une surveillance accrue et d’une interdiction des mouvements d’animaux. Une propagation aérienne du virus, qui entraîne des contaminations de proche en proche, peut se produire en phase épizootique, ce qui renforce l’importance d’une élimination rapide et sécurisée des animaux contaminés.
Les opérations d’élimination s’effectuent dans les meilleures conditions possibles au regard du bien-être animal et de la biosécurité. Les lots infectés sont mis à mort idéalement dans le bâtiment (par gazage, plus rarement par injection individuelle) plutôt qu’à l’extérieur pour éviter la dissémination des éléments contaminants (plumes et duvet en particulier). La précocité de l’intervention est un paramètre essentiel pour limiter la propagation virale. L’élimination sur place évite également le débordement des services d’équarrissage. Celle des lots négatifs est moins à risque, et les animaux en fin de croissance peuvent être dirigés en abattoir afin d’être consommés. 

Cette stratégie de contrôle des infections a montré son efficacité des années durant, depuis 2006, lors des vagues successives d’épizooties en France. Mais ses limites ont été révélées par l’expansion inédite de l’épizootie qui sévit depuis l’hiver 2021/2022, la maladie n’ayant plus laissé de répit avec la détection continue de nouveaux foyers. Au-delà des départements du Sud-Ouest, historiquement affectés, la maladie touche l’ensemble du Grand-Ouest de la France. 

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer l’importance et la persistance de l’infection sur notre territoire, en particulier une endémisation de la maladie au sein de la faune sauvage locale sédentaire, au contact permanent d’élevages, mais aussi la forte virulence et la contagiosité du variant circulant. 

L’ampleur de l’épizootie est mondiale : le clade H5 2.3.4.4.b est responsable d’un nombre sans précédent de mortalité de volailles. Présent depuis quelques années en Europe, en Afrique et en Asie, il s’est propagé en Amérique du Nord en 2021, puis, de manière particulièrement inhabituelle, sur le reste de ce continent en 2022. Aucun territoire n’est épargné, hormis l’Océanie. 

Sur les 8 dernières années, seul un autre épisode global d’influenza aviaire avait été identifié, entre 2014 et 2016, avec l’observation d’une augmentation des cas en Europe et aux États-Unis, où les foyers sont recensés. 

Un lourd bilan économique et psychologique 

L’épizootie cause des ravages dans les populations d’oiseaux, sauvages et d’élevage. En France, 22 millions de volailles ont été abattues entre 2021 et 2022 dont 30 % préventivement. Elle affecte également le commerce alimentaire et menace les moyens d’existence des éleveurs. 

L’impact en élevage dépend du type d’aviculture pratiqué. La France est le 2e producteur européen en filières volailles de chair et leader en production d’œufs. Le territoire est particulièrement affecté du fait de la diversité des espèces élevées (une douzaine au total) et des systèmes de production associés, occasionnant beaucoup de déplacements d’animaux et de personnes, mais concentrés au sein d’une même zone géographique. La taille moyenne des exploitations est relativement petite, et cette fragmentation de l’outil de production augmente l’exposition au virus. 

Toutes les filières sont touchées. Les pertes économiques en 2022 sont évaluées à plus d’un milliard d’euros en filières « chair » (530 millions à l’export), et 308 millions d’euros en filière « foie gras ».
À l’échelle des élevages, l’impact économique et social est considérable. Des indemnisations financières compensent les pertes liées aux opérations d’élimination des cheptels, et les éleveurs touchés bénéficient d’une aide et d’un accompagnement de la part des acteurs de la filière. Mais les mesures sanitaires à respecter ou les délais de repeuplement ralentissent voire bloquent la production. « Cela accentue les difficultés rencontrées par des éleveurs déjà parfois très endettés ou travaillant en circuit court », constate le Dr Marguerie. 

À ces difficultés financières s’ajoute le traumatisme psychologique pour l’éleveur du dépeuplement. Nombre d’éleveurs touchés développent également un sentiment de culpabilité, pensant que leur élevage représente un risque pour les exploitations alentours, pour l’environnement, et contribue à fragiliser la filière. Dans ce contexte, la vaccination s’envisage comme un moyen supplémentaire aux mesures sanitaires de protéger son élevage mais aussi ceux de ses voisins. 

« Les vétérinaires aussi subissent en ricochet les effets de l’épizootie, avec une forte baisse de l’activité libérale malgré des journées de travail longues et éprouvantes effectuées dans le cadre du mandat sanitaire, tout en ayant bien conscience de l’utilité et des impératifs de rapidité des opérations à effectuer » ajoute le Dr Marguerie. 

Le constat global est que l’impact psychologique de cette crise est loin d’être anodin chez tous les intervenants chargés de sa gestion. 

La vaccination suscite de grands espoirs 

Dans plusieurs pays ou territoires du monde (en Chine, en Égypte, au Mexique...), où l’influenza aviaire est enzootique, la présence du virus s’est banalisée et la vaccination des élevages avicoles fait partie des pratiques, afin de réduire les conséquences cliniques et la mortalité associée à l’infection, et nourrir les populations. Cette vaccination est parfois limitée aux sous-types autres que H5 et H7 en raison de leurs conséquences cliniques et économiques. C’est le cas par exemple du sous-type H9. L’introduction de la vaccination en France s’inscrit plutôt dans la stratégie inchangée d’éteindre les foyers infectieux et d’éradiquer le virus des élevages touchés. D’où des choix spécifiques quant aux schémas vaccinaux et au devenir des animaux en cas d’infection. 

La vaccination représente en effet un outil complémentaire des mesures sanitaires. 

Son objectif est double : 

  • Prévenir le risque de contamination des volailles vaccinées, 
  • Réduire l’excrétion du virus et ainsi sa transmission et sa diffusion
    au sein des élevages.

Le vaccin vient élargir et compléter l’arsenal des moyens de lutte, la priorité demeurant la prévention de l’introduction du virus dans les élevages (par la biosécurité), ainsi que la surveillance et le dépistage précoce des cas. En ralentissant la transmission du virus, la vaccination facilite la gestion sanitaire des foyers.

Ce n’est qu’au début de 2023 que l’Union européenne a approuvé une stratégie vaccinale, et la France est la première à la mettre en place, avec une campagne de vaccination des élevages de canards, qui a démarré le 2 octobre 2023.

Les attentes sont fortes vis-à-vis de cette vaccination inédite, de la part des éleveurs, des filières comme des vétérinaires. La profession vétérinaire, notamment au travers de la SNGTV (Société Nationale des Groupements Techniques Vétérinaires), s’est particulièrement impliquée dans les réflexions sur l’opportunité d’une stratégie vaccinale dans le contexte actuel et sa concrétisation, apportant un conseil étayé de données chiffrées aux pouvoirs publics et à l’interprofession. Sa participation aux opérations de vaccination puis leur suivi est un engagement pris auprès de l’administration et des éleveurs. Les chances de succès sont élevées mais beaucoup d’inconnues demeurent pour le garantir comme la possibilité d’étendre la vaccination à d’autres espèces et catégories de volailles.

Un enjeu commercial considérable

Le commerce international représente un autre enjeu, et non des moindres. Vacciner ne modifie pas le statut du pays vis-à-vis de la maladie. Mais il est susceptible de fermer la porte à l’export, certains pays importateurs refusant l’entrée sur leur territoire de volailles ou leurs produits provenant de pays pratiquant la vaccination, par crainte du portage sain chez les individus vaccinés. En choisissant cette stratégie, dont le résultat va être scruté par les autres pays d’Europe et du monde, la France s’expose et devra redoubler de diplomatie sanitaire pour préserver les débouchés à l’export. 

Une équipe dédiée à l’influenza aviaire 

En France et dans toutes les régions du monde, les équipes du laboratoire Boehringer Ingelheim accompagnent les filières avicoles dans la prévention et le contrôle des maladies infectieuses. L’équipe française compte ainsi 2 vétérinaires entièrement dédiés à l’activité aviaire avec une action sur le terrain prédominante. La gamme aviaire de Boehringer Ingelheim est composée de 25 vaccins, presque exclusivement fabriqués sur le site de production biologique de Lyon, et protégeant contre les principales espèces d’élevage : poules, poulets, canards, dindes, faisans et pigeons. 

Depuis plus de 25 ans, le laboratoire commercialise des vaccins contre l’influenza aviaire, exploitant différentes technologies afin de répondre au mieux aux besoins de chaque pays, selon les types de production et les contextes épidémiologiques locaux. La complexité de la maladie et de son agent viral, et l’évolution préoccupante de sa répartition mondiale, ont motivé la création, fin 2021, d’un poste de senior brand manager dédié à l’influenza aviaire. Au sein de l’équipe marketing global de l’entreprise, ce poste permet de centraliser les connaissances et les réflexions en cours. Le docteur vétérinaire Taoufik Rawi est chargé de coordonner la stratégie aviaire de Boehringer Ingelheim pour apporter une offre de vaccins et de services supports dans chaque région du globe. 

« Contre l’influenza aviaire, il faut être agile et se tenir prêt à répondre à une augmentation de la demande, pour participer par exemple à une vaccination d’urgence dans des pays d’Amérique Latine ou d’Asie du Sud- Est ou, demain, fournir l’Europe en vaccins », indique le Dr Rawi. 

Évolution du plan lutte en France : mise en place d’une stratégie vaccinale 

À compter du 2 octobre 2023, la France a mis en place sur son territoire une vaccination inédite des canards d’élevage contre l’influenza aviaire hautement pathogène. L’élaboration d’une stratégie vaccinale concernant cette maladie est une première : décryptage. 

Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a publié le 20 septembre dernier le plan de vaccination contre l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) adopté par la France et amorcé depuis le 2 octobre. Il s’agit d’une vaccination préventive car une vaccination d’urgence serait incompatible avec les délais d’immunité après vaccination. 

Quels sont les élevages concernés ? 

Seuls les canards (Barbarie, Mulard et Pékin) sont concernés à ce jour, jugés prioritaires en raison de leur rôle dans la dynamique épizootique (l’excrétion virale est massive dans cette espèce).
Ils peuvent être vaccinés sur l’ensemble du territoire métropolitain, hors Corse, sans restriction saisonnière. 

La vaccination est obligatoire en élevage commercial (plus de 250 canards) pour les canards de production (filières foie gras et canard à rôtir).
Elle est facultative (volontaire) dans les autres types d’élevages de canards : petits élevages commerciaux (moins de 250 canards), canards de basse-cours, élevages de reproducteurs (production d’œufs à couver et de canetons d’un jour). 

Elle est interdite à l’étage reproducteur lorsque les produits sont destinés à l’exportation (y compris dans les États membres de l’Union européenne). 

Quel est le protocole vaccinal ? 

A date, le protocole prévoit 2 injections à 18 jours d’intervalle. La première injection est réalisée sur des canetons âgés d’au moins 10 jours. 

Qui vaccine ? 

La vaccination est réalisée sous la supervision du vétérinaire sanitaire de l’élevage. L’acte vaccinal est réalisé par lui-même ou par un autre vétérinaire. Elle peut aussi être déléguée à l’éleveur ou ses salariés, mais sous supervision du vétérinaire sanitaire. 

Les opérations de vaccination se déroulent dans le respect des principes de biosécurité, afin de prévenir le risque de propagation de maladies. Dans un objectif de traçabilité, la réalisation pratique des opérations est enregistrée (identification des animaux, espèce et catégorie, effectif, vaccin utilisé et nombre de doses administrées, etc.). Le lieu, la date et le personnel présent sont également renseignés par l’entreprise de vaccination dans un registre tenu à jour et mis à disposition des autorités. 

Quel est le vaccin utilisé ? 

Au préalable de cette campagne, les autorités françaises ont réalisé une expérimentation de vaccination des canards mulards en élevage, afin de consolider les preuves scientifiques quant à l’efficacité et l’intérêt de cette vaccination. Cette expérimentation a été encadrée par une convention entre les autorités (ministère de l’Agriculture, Anses), l’école vétérinaire de Toulouse, l’interprofession (Cifog), les régions (Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Pays-de-la-Loire) et les laboratoires ayant mis à disposition les deux vaccins candidats (sélectionnés sur leur composition et les données préalables d’efficacité contre le clade circulant, 2.3.4.4b). 

Les essais ont évalué la réponse immunitaire induite, la capacité à réduire l’excrétion virale et la capacité de ralentissement de la transmission du virus.
Les résultats ont montré une bonne efficacité des vaccins testés. Le vaccin VOLVAC B.E.S.T. AI+ND (Boehringer Ingelheim) a été retenu par l’État pour le début de la campagne. Il dispose d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) dans cette indication. 

Pourquoi avoir initié cette vaccination ? 

L’épizootie d’IAHP due au virus H5N1 2.3.4.4b a pris une ampleur sans précédent, avec un impact massif sur le secteur de la volaille et faisant peser une menace permanente sur les oiseaux sauvages et les volailles, mais aussi les mammifères et l’Homme. L’ampleur de la crise nécessite de compléter par la vaccination les stratégies de prévention et de lutte en vigueur. 

Le 25 mai dernier, L’OMSA (Organisation Mondiale de la Santé Animale) a adopté une résolution dans laquelle les délégués reconnaissent que la stratégie actuelle de lutte contre la maladie ne permet plus de limiter efficacement le risque de diffusion du virus ; la vaccination est reconnue comme un outil complémentaire de contrôle. 

Le 24 mai 2022, le Conseil de l’Union européenne avait approuvé les conclusions d’une approche stratégique pour le développement de la vaccination dans ce contexte.
En France, fin mars 2023, l’Anses a rendu un avis sur plusieurs scénarios proposés pour la vaccination des volailles contre l’IAHP, fournissant un cadre de réflexion pour la mise en œuvre d’une campagne de vaccination à l’automne 2023, assorti d’une priorisation des populations cibles et des zones d’application. 

La confrontation de ces éléments scientifiques aux aspects technico- économiquesetzootechniques a débouché sur la possibilité d’une stratégie de vaccination à titre préventif pour 2023. Cette stratégie, qui est donc mise en œuvre aujourd’hui, a pour objectif d’empêcher un nouvel emballement de l’épizootie. 

Quelles sont les mesures de surveillance post-vaccination ? 

Le plan de vaccination est assorti d’un dispositif de surveillance strict. La surveillance passive est renforcée dans les élevages vaccinés : des tests virologiques hebdomadaires sont pratiqués sur les animaux morts. L’éleveur participe à cette surveillance, décelant et signalant toute anomalie (signes de maladie, comportement anormal, mortalité...). Une surveillance active est également instaurée, afin de détecter l’apparition d’une infection. Elle est réalisée par le vétérinaire sanitaire de l’élevage. Une visite est effectuée tous les 30 jours au moins, pour un examen clinique et le prélèvement d’échantillons pour analyses virologiques. Une analyse sérologique est également effectuée en fin de lot. 

Quelle est la durée de cette première campagne vaccinale ? 

La campagne a débuté le 2 octobre pour une durée d’un an.
Elle sera potentiellement reconduite, selon son efficacité et son impact. L’objectif de cette stratégie demeure l’éradication de la maladie sur l’ensemble du territoire français. 

Quel est le devenir des animaux vaccinés ? 

La vaccination est sans risque pour le consommateur. Les canards vaccinés seront abattus en vue de la consommation humaine. 

Les reproducteurs de réforme vaccinés peuvent également être abattus et entrer dans la chaîne alimentaire. 

Quels sont les effets bénéfiques attendus par ce plan de vaccination ? 

La vaccination est à but préventif. L’objectif est de limiter la diffusion de la maladie et de réduire les abattages, notamment l’abattage préventif d’animaux sains. 

Que se passe-t-il en cas de foyer infectieux ? 

La vaccination réduit les signes cliniques, l’excrétion virale dans l’environnement et aussi fortement la capacité des individus vaccinés à transmettre la maladie en cas d’introduction du virus dans l’élevage (par exemple par des oiseaux sauvages). 

Si un élevage est infecté, une zone réglementée est mise en place, au sein de laquelle la surveillance post-vaccination est renforcée (analyses virologiques toutes les 2 semaines), et les animaux vaccinés soumis à des mesures particulières de restriction. Leurs mouvements, à l’intérieur comme à l’extérieur de la zone, sont interdits. 

La vaccination se poursuivra dans la zone de surveillance, pour les seuls lots n’ayant pas terminé le schéma vaccinal initial (prévu en 2 injections). Un examen clinique par le vétérinaire sanitaire sera réalisé avant l’acte vaccinal et des mesures de biosécurité renforcées seront suivies par les équipes de vaccination. 

Dans l’élevage infecté, vacciné ou non, les mesures appliquées sont identiques, y compris l’abattage des oiseaux (exceptionnellement, l’abattage des reproducteurs vaccinés pourra être reporté).
Les éventuelles mesures de dépeuplement préventif (abattage d’animaux sains) ne s’appliqueront pas aux lots vaccinés. 

Les mesures sanitaires sont-elles allégées en France ? 

Non. La vaccination est un outil complémentaire des mesures de biosécurité et de police sanitaire.
Les mesures de prévention sanitaire restent primordiales, notamment la biosécurité et la détection précoce de la maladie par la surveillance sanitaire. 

Qui contrôle la mise en œuvre de cette vaccination ? 

Les services de l’État sont chargés de contrôler la bonne exécution de la campagne. L’éleveur qui ne respecte pas l’obligation vaccinale s’expose à des sanctions (administratives et pénales). 

Comment cette campagne est-elle financée ? 

Le nombre de canards vaccinés est estimé à 64 millions pour une année. Son coût est estimé à plus de 90 millions d’euros.
Il est pris en charge à 85 % par l’État et à 15 % par les filières. 

L’action de Boehringer Ingelheim : Des premiers essais aux premières doses de vaccin 

Dès 2016, Boehringer Ingelheim a été invité à présenter sa gamme de vaccins à la DGAL. Et de premiers essais vaccinaux ont été mis en place avec l’Anses en 2017. 

Face à l’évolution de l’influenza aviaire hautement pathogène en France et en Europe, l’ANMV a recensé courant 2021 les solutions vaccinales disponibles, dont celle de Boehringer Ingelheim, retenue pour la mise en place de nouveaux essais expérimentaux, débutés en 2022. Les équipes techniques du laboratoire, locales et globales, ont ainsi activement contribué à l’élaboration des protocoles vaccinaux, sur le canard Mulard, puis aux essais, avec la fourniture des vaccins et l’accompagnement de la vaccination afin d’en garantir la bonne observance. La vaccination des canards est peu documentée, d’où l’importance de pouvoir partager les connaissances et l’expertise acquises par les équipes de Boehringer Ingelheim sur ce sujet. 

En parallèle des réflexions ont été menées à l’échelle mondiale, aboutissant fin 2022 à un consensus sur l’intérêt de la vaccination en complément de la gestion sanitaire de la maladie. Un groupe d’expertise interprofessionnel français, auquel participaient les industriels pharmaceutiques comme les organismes vétérinaires, ont évalué les avantages et inconvénients des scénarios possibles, leur chiffrage économique et les ressources nécessaires pour la vaccination et la surveillance associée. Forte de ses conclusions, la DGAL a monté un comité de vaccination contre l’influenza aviaire dans lequel les laboratoires étaient représentés par le Syndicat de l’Industrie du Médicament et diagnostic Vétérinaire (SIMV). Son travail a abouti à l’appel d’offre publique pour une première phase de vaccination des canards en France. 

Des données solides pour l’obtention d’une ATU 

Dans le même temps, les équipes des services réglementaires et de la supply chain (approvisionnements) de Boehringer Ingelheim étaient à pied d’œuvre afin d’enregistrer le vaccin sous ATU (Autorisations Temporaires d’Utilisation) en France, et organiser la livraison des millions de doses demandées dans les délais impartis : deux conditions indispensables pour répondre à l’appel d’offre. 

Seul un médicament enregistré, bénéficiant d’une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) ou d’une ATU est utilisable en France. Boehringer Ingelheim a donc monté et transmis un dossier d’ATU pour le vaccin proposé en réponse à l’appel d’offre. 

L’évaluation du dossier repose essentiellement sur la balance bénéfices/risques, offrant davantage de latitude aux experts de l’ANMV. «Les ATU correspondent effectivement à une autorisation délivrée dans un cadre d’urgence, typiquement un contexte de crise, au gré des autorités qui détiennent ce pouvoir de réaction », explique Emmanuelle Royer, directrice réglementaire VPH (Veterinary Public Health) pour Boehringer Ingelheim. Le vaccin que nous avons proposé dans le cadre de l’appel d’offre bénéficie d’un recul d’usage de près de 10 ans, avec plus d’un milliard d’oiseaux vaccinés, attestant de sa très bonne tolérance. Le dossier d’enregistrement existant a été complété de données sur la vaccination du canard, issues d’essais menés en France (Ploufragan) et au Vietnam, et sur l’efficacité du vaccin envers les souches virales circulantes, issues de l’épidémiosurveillance réalisée en interne en collaboration avec les laboratoires de référence de différents pays. Ce travail a permis à Boehringer Ingelheim d’obtenir une ATU début juillet 2023. 

Sécuriser 80 millions de doses pour la France

L’appel d’offre prévoyait un calendrier de livraison « serré » des doses vaccinales, afin de garantir la disponibilité du vaccin pour les opérations de vaccination. « S’agissant d’une maladie réglementée, les commandes sont passées par la DGAL, qui organise ensuite la répartition et la livraison des doses aux utilisateurs », précise Emmanuelle Royer. L’appel d’offre est ainsi une procédure publique, administrative et non réglementaire. Tous les critères sont déterminés par les autorités, qui les fixent, les pondèrent, les évaluent (caractéristiques du vaccin, conditions de stockage, prix, etc.). Boehringer Ingelheim a remporté le contrat sur la base des critères fixés dans l’appel d’offre. 

Afin de pouvoir répondre à l’urgence imposée par la situation en France, la planification de la production a dû être estimée et anticipée. Les équipes de la supply chain ont travaillé en concertation avec le site de production actuel, situé au Mexique. Ce site et ses 280 employés bénéficient de 50 ans d’expérience en production de vaccins, à 75 % pour le marché aviaire. 

Le planning de production a été ajusté dès fin 2022, sur la base d’une estimation des volumes requis.

Initialement, le vaccin était essentiellement destiné au marché égyptien. La demande a augmenté avec la propagation mondiale de la maladie, amenant le laboratoire à intensifier sa production, afin de sécuriser les 80 millions de doses nécessaires à la vaccination en France, tant sur le plan de la production que de la logistique. « Les commandes ont été expédiées sur plusieurs vols pour limiter les risques d’excursion de température », précise Isabelle Genillon, « Pour augmenter les capacités de production, le site a dû solliciter la production d’antigènes – étape la plus critique – sur un autre site du groupe, aux États- Unis : 6 lots ont été produits en 2023 » explique Jessica Munoz, Global Poultry Supply Chain Manager. 

Grâce à une coordination étroite avec le site de production, le laboratoire a optimisé tous ses délais afin de mettre les lots à disposition en France en un temps record, pour répondre à l’urgence de la situation, un tel processus pouvant atteindre jusqu’à 8 mois en temps normal. 

En amont, les équipes avaient également géré l’approvisionnement en échantillons de la France (vaccins et antigènes) pour la réalisation des essais de vaccination, ce qui a nécessité un travail collaboratif avec les autorités afin d’obtenir le permis d’importation. 

La phase opérationnelle ne fait que démarrer 

Le démarrage des opérations de vaccination le 1er octobre dernier n’est qu’un premier aboutissement. Sur le terrain, pour les équipes de Boehringer Ingelheim la collaboration avec les autorités ne s’arrête pas à la fourniture du vaccin : « au-delà des essais en cours, nous sommes à l’écoute des nouveaux besoins qui pourraient émerger, afin d’y trouver réponse », s’engage l’équipe France par les voix de Guillaume Perreul et Thomas Delquigny. 

Les résultats des essais sont prometteurs 

Plusieurs essais expérimentaux, en station et en élevage, ont débuté en 2022. Au même moment, une nouvelle vague d’influenza aviaire touchait durement le Sud-Ouest et les Pays-de-la-Loire, ce qui a perturbé leur organisation et a demandé, là encore, beaucoup d’agilité.

Les premiers résultats de ces essais sont prometteurs ; ils ont contribué à conforter le bien-fondé de la vaccination en contexte épizootique et à monter le dossier d’ATU. La vaccination permet en effet de diminuer l’excrétion virale après infection, ce qui ralentit la contamination des autres animaux. Après épreuve virulente sur des canetons de 49 jours préalablement vaccinés, le taux de reproduction du virus (R0) est inférieur à 1 : un animal infecté en contamine en moyenne moins d’un autre. Le calcul du R0 sur épreuve virulente plus tardive est en cours. 

Ces essais permettent également de générer des données sérologiques et de confirmer l’innocuité du vaccin chez le canard. 

Les travaux d’étude continuent: désormais, le groupe d’expertise travaille à l’amélioration des programmes de vaccination. De nouveaux essais sont déjà en cours, par exemple, sur une vaccination plus précoce pour toutes les espèces (avant l’âge de 10 jours), d’intérêt au couvoir. Et dans d’autres pays d’Europe, Boehringer Ingelheim contribue aux essais vaccinaux officiels menés sur d’autres espèces que le canard, notamment les poulettes aux Pays-Bas et la dinde en Italie. 

Solutions vaccinales, technologies et services associés 

Dans sa gamme aviaire, Boehringer Ingelheim commercialise plusieurs vaccins contre l’influenza aviaire, disponibles dans les pays où la maladie est endémique et qui autorisent la vaccination (par exemple la Chine, le Mexique, les pays du Moyen-Orient). Leurs cibles sont différentes, en termes d’espèces et de souches virales, ainsi que leur conception. 

4 technologies vaccinales principales 

Ces vaccins exploitent plusieurs technologies vaccinales, des plus anciennes aux plus élaborées. Classique, un vaccin inactivé adjuvé est disponible par exemple chez l’espèce poule. Il contient une souche virale H9 (H9N2). Dans ce type de vaccin, la souche vaccinale ne se multiplie pas chez l’animal vacciné, et l’adjuvant permet de stimuler la réponse immunitaire envers ses antigènes, induisant une bonne immunité humorale. 

Le laboratoire commercialise aussi des vaccins à vecteur viral, développés contre l’influenza aviaire H5 et H7. Cette technologie repose sur l’introduction d’une partie du matériel génétique du virus cible (ici le virus influenza) dans le génome du virus vecteur, inoffensif pour l’animal. Après la vaccination, le virus vecteur se multiplie, ne causant pas de maladie mais produisant des antigènes du virus cible qui induiront la production d’anticorps spécifiques, et ainsi la protection de l’animal. Le développement de l’immunité protectrice peut être plus lente qu’avec un vaccin inactivé. 

Le vaccin qui sera utilisé en France est un vaccin inactivé sous-unitaire, c’est-à-dire qu’il ne contient qu’une fraction du virus cible (protéine recombinante), contre laquelle l’animal vacciné développera des anticorps. Cette technologie répond à la stratégie DIVA (Differentiating Infected from Vaccinated Animals), qui prévoit de distinguer les animaux vaccinés des animaux infectés, même s’ils ont été vaccinés. En effet, l’animal infecté développera des anticorps contre tous les antigènes viraux, et pas seulement la fraction présente dans le vaccin. Le dosage de ces anticorps permet alors d’identifier les animaux infectés.
En optimisant la séquence génétique codant pour la fraction virale choisie, ce type de vaccin apporte en outre une large protection croisée (efficace malgré la diversité des virus circulants). 

Ici, le vaccin contient une hémagglutinine sous-unitaire du virus H5N1 de l’influenza aviaire hautement pathogène (HA5) et un virus de la maladie de Newcastle (souche La Sota). Il immunise donc contre l’influenza aviaire et la maladie de Newcastle, une autre maladie d’importance majeure en élevage avicole, mais d’intérêt chez l’espèce poule aujourd’hui. 

La protéine recombinante (HA5) utilisée est en outre produite selon le système d’expression Baculovirus (Baculovirus Expression System Technology) dit B.E.S.T., une technologie innovante développée par Boehringer Ingelheim. Le baculovirus qui produit l’antigène colonise des cellules d’insectes. Son utilisation permet ainsi de s’affranchir de la présence sur le site de production de matières organiques issues d’oiseaux (œufs embryonnés notamment, couramment utilisés pour d’autres virus vaccinaux), au bénéfice de la sécurité de l’environnement et des opérateurs. B.E.S.T. permet aussi une production rapide de grands lots de vaccins. 

Le dernier-né de la gamme Boehringer Ingelheim est un vaccin vivant recombinant, qui immunise contre la maladie de Marek, la maladie de Gumboro (bursite infectieuse aviaire) et l’influenza aviaire. À la différence du vecteur viral inoffensif, la souche vaccinale utilisée est un herpès virus de la dinde (agent de la maladie de Marek), atténuée, dont le génome a été recombiné pour exprimer aussi un antigène protecteur du virus de la bursite infectieuse et une hémagglutinine H5 du virus influenza A. Cet antigène H5 est issu d’une nouvelle technologie (COBRA) qui lui permet d’être ressemblant aux divers types de H5 circulant actuellement dans le monde et ainsi d’apporter une protection croisée particulièrement large. 

Ce vaccin a aussi l’avantage de s’utiliser au couvoir, sur des poussins de 1 jour, sans risque d’interférence avec les anticorps maternels. Mais il est inadapté aux canards, chez lesquels le virus de la maladie de Marek ne se multiplie pas. 

Au-delà des vaccins, un éventail de services 

En parallèle de la commercialisation des vaccins, Boehringer Ingelheim propose une offre de services internationale qui comprend la mise à disposition d’experts, internes au laboratoire ou partenaires externes, qui apportent leur conseil et leur savoir-faire dans les domaines du diagnostic de la maladie, de la vaccination, pour la mise en place de programmes vaccinaux adaptés à la situation du pays, et de son suivi (dans le cadre de la stratégie DIVA par exemple). 

En France, la vaccination contre l’IA est pilotée et contrôlée par la Direction générale de l'alimentation (DGAL). Les équipes de Boehringer Ingelheim collaborent étroitement avec les autorités, depuis les premières étapes du projet, en particulier la mise en place et le déroulement des essais cliniques sous la direction de l’Anses. Ces équipes se sont fortement mobilisées pour la fourniture des 80 millions de doses requises dans les délais impartis. Dans un objectif de traçabilité, afin d’enregistrer et qualifier la manière dont a été effectuée la vaccination en pratique, une application pour tablettes et smartphone est, par exemple, en développement. 

Bonnes pratiques de vaccination 

Les caractéristiques du vaccin utilisé dirigent les bonnes pratiques de vaccination à respecter. 

  • S’agissant d’un vaccin inactivé, la vaccination consiste à administrer une quantité donnée d’antigènes à l’animal: un volume fixe est donc injecté à chaque oiseau. Il n’y a pas ici de vaccination collective (dans l’eau de boisson par exemple), fréquente avec les vaccins vivants atténués dont la souche virale se multiplie chez l’hôte pour exprimer les antigènes.
  • Avant usage, le vaccin se conserve entre 2 et 8°C. Ce système de stockage, bien connu, est déjà en place pour d’autres vaccins.
  • Le flacon est remis à température ambiante avant injection, pour le bien-être de l’animal et pour fluidifier l’émulsion huileuse qui  contient le vaccin. 
  • Le vaccin est présenté dans un unique conditionnement (flacon de 1000 doses) évitant ainsi les erreurs de dosage. Le choix d’un flacon en polyéthylène, polymère résistant et peu isolant, apporte une bonne résistance aux chocs et facilite la remise à température ambiante.
  • L’administration s’effectue par voie sous-cutanée, déjà utilisée à large échelle chez le canard pour d’autres valences vaccinales comme la parvovirose. 

Un webinaire sur les bonnes pratiques d’administration du vaccin 

Dans le cadre de l’accord passé avec le Ministère afin de répondre aux demandes d’information des vétérinaires administrateurs, les experts techniques de Boehringer Ingelheim ont organisé un webinaire sur les bonnes pratiques d’utilisation du vaccin. Un enregistrement de cette session, introduite par Karen Bucher, sous-directeur de la santé et du bien-être animal à la DGAL (Direction Générale de l’Alimentation), est disponible sur biconnect.fr. 

Pour plus d’information, les vétérinaires concernés peuvent s’adresser aux équipes aviaires de Boehringer Ingelheim. 

Source : Boehringer Ingelheim Animal Health France SCS -10/2023
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