Il faut dire que l’éleveur est déjà bien occupé sur son exploitation par un poulailler construit en 1998 (un bâtiment tunnel en ventilation statique) et deux hectares de houblon. Des soucis de santé n’ont malheureusement pas permis à Damien de suivre le projet jusqu’à son terme. C’est Thomas, son neveu, qui, après l’obtention de son BTSA, a rapidement intégré l’exploitation en tant que salarié afin de prendre le relai durant sa convalescence.
« Nous avons confié le projet de construction du poulailler ainsi que celui de la rénovation de l’ancien bâtiment tunnel à la Mef. Les travaux de construction se sont déroulés de janvier à juillet 2022 permettant la mise en place de notre premier lot en août. Le bâtiment tunnel de 589 m² (9,5mx62m) va faire peau neuve, cette fin d’année, afin de correspondre au cahier des charges de l’abattoir : passage en ventilation transversale, changement de tous les éléments de bardage, mise en place de panneaux sandwichs de 40mm d’épaisseur avec 3% de lumière naturelle avec des trappes d’entrée d’air d’un côté, ajout d’une brumisation et d’une régulation » affirme Thomas Goetz, éleveur.
Un bâtiment clef en main
Le bâtiment de 400 m² en ventilation dynamique (Skov) (12m de large- bi-pente à 30% et 45m de long dont 120 m² de jardin d’hiver) est en structure IPE (poteaux et arbalétrier) avec un bardage et une couverture en panneaux sandwichs de 40 mm d’épaisseur. Il est composé de quarante-huit trappes d’entrées d’air DA 1200 gérées par un treuil DA175 (Skov), de cheminées d’extraction (Skov) au niveau du faitage, de huit trappes de sortie au jardin d’hiver (avec treuil manuel) et le même nombre pour accéder au parcours. « Nous avons ajouté, d’une part, un rideau brise vent au jardin d’hiver afin de couper les flux d’air en cas de températures froides et réduire l’humidité du bâtiment. D’autre part, une travée SAS (3mx5m) qui permet d’avoir une belle zone propre et couverte sur le devant du bâtiment » précise Nicolas Venasson, technico-commercial, Mef.
La salle d’élevage est équipée de deux chaines d’alimentation (CS 45, Leroy), trois lignes de pipettes Swii’Flo (Roxell), d’une ligne d’éclairage centrale dotée de onze réglettes (6500 K, CBM), d’une brumisation de 1260l/h. Le chauffage est assuré par huit radians sol’air (Systel) de 6 500W. Enfin le bâtiment est équipé du Dol 278AT (Skov), une unité d'ouverture d'urgence de pointe qui assure une sécurité optimale en cas de pannes techniques. Ceci est possible grâce à un capteur thermique séparé et à un paramétrage manuel du seuil de température. « Les éleveurs ont choisi la régulation Dol 539 (Skov) et le groupe d’applications FarmOnline (Skov) qui gérera les deux bâtiments de l’exploitation » ajoute-t-il
Une gestion du bâtiment à distance
Il faut à peu près un an et avoir subi tous les événements climatiques pour maîtriser complétement les réglages de son bâtiment …Thomas le sait bien… le premier lot sorti début octobre 2022 n’a pas échappé aux conséquences d’une litière dégradée par la chute des températures et l’ouverture des trappes. Deux lots et l’aide du technicien de la Mef seront nécessaires à la maîtrise de la ventilation du nouveau poulailler. « Nous avons travaillé sur une ventilation stato-dynamique avec toujours un flux d’air pour éviter que l’humidité s’installe à l’ouverture des trappes, surtout l’hiver. Même si la Mef n’est pas présente dans le département du Bas Rhin, avec le FarmOnline, nous prenons les commandes du bâtiment à distance afin de pouvoir faire les réglages. En cinq minutes le problème était réglé en évitant des déplacements et du temps perdu en appels téléphoniques » affirme-t-il
Le bâtiment tunnel sera très prochainement géré également par le FarmOnline et la nouvelle ventilation transversale devrait permettre d’obtenir une litière moins humide durant les lots d’hiver et limiter les pododermites (jusqu’alors l’éleveur utilisait un asséchant pour un coût de 500 à 600€ la tonne).
La construction du bâtiment comprenant le terrassement, la maçonnerie et les équipements a demandé un investissement de 235 000€. « Le projet a bénéficié d’une subvention à hauteur de 63 000€ (PCAE). Nous avons pu obtenir un prêt du Crédit Agricole sur une période de 15 ans avant que les taux d’emprunt s’envolent et que les coûts des bâtiments ne flambent (commande en avril 2021) » indique Damien Goetz.
Un cahier des charges particulier à l’abattoir Meyer
Une dizaine d’éleveurs partage le même cahier des charges établi par l’abattoir René Meyer : des bâtiments (3% de lumière naturelle) avec un jardin d’hiver, un parcours d’environ 600m² et une densité de 17 poulets/m² correspondant à la demande des consommateurs sur le bien-être animal. Il a été lancé en 2015 et se situe entre celui du standard et du Label Rouge. La capacité des bâtiments permet à l’abattoir, d’une part, de ramasser les volailles en une seule fois, d’autre part, de répondre à la demande de la totalité de ses clients.
« Nous pouvons dire que notre partenariat est une semi-intégration. Nous achetons, à la fois, les poussins fournis par l’abattoir (en provenance du couvoir de Bourgogne (71)) et l’aliment auprès de Sanders qui nous a fourni les deux silos avec vis souple. Le prix de reprise des poulets est indexé sur le coût de l’aliment permettant de garder la même marge sur toutes les bandes » précise Thomas.
La durée d’élevage est de 52 à 55 jours (souche JA 957 à croissance moyenne) pour des poulets qui sont abattus à 2kg 250-2kg 300. L’éleveur effectue quasiment cinq bandes/an.
« Jusqu’au 30ème jour d’élevage, les 10 500 poulets sont élevés dans la salle avant un desserrage en poussins/coquelets (environ 1 000 coquelets prélevés par l’abattoir). A 35 jours, les poulets ont accès au jardin d’hiver avec de la paille et au parcours » ajoute-t-il
Le prochain projet des éleveurs est d’augmenter la surface de culture du houblon ou d’agrandir l’exploitation en cultures céréalières.