Trackers solaires : dépenses et émissions de CO2 réduites !

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Depuis l’installation de trois trackers solaires (OKWind) sur son exploitation, Anthony Salmon, producteur d’œufs de code 3 à Rénazé (53), a vu sa facture d’électricité en heure pleine fondre de 27 %. Un bon investissement pour cet aviculteur soucieux de réduire son empreinte environnementale et visant à terme l’autonomie énergétique.

trackersDepuis mai 2016, trois trackers solaires conçus et fabriqués par la société française OKWind, ont intégré le paysage sur l’exploitation d’Anthony Salmon (à droite sur la photo ci-dessous), producteur d’œufs standard (code 3) (Armor Œufs) à Rénazé (53) aux côtés de son épouse Nathalie, avec un effectif de 173 000 poules pondeuses réparti en trois bâtiments.

« L’œuf et l’élevage de poule pondeuse est déjà, et de loin l’élevage qui a le meilleur bilan carbone », rappelle Anthony Salmon qui ne veut pas en rester là !

Devenir à terme autonome sur le plan énergétique s’inscrit dans la logique de l’histoire pour cet éleveur soucieux de réduire son empreinte environnementale, et aussi sa facture d’électricité. En 2014, il a investi dans des économiseurs d’énergie pour ses moteurs (consommation réduite de 10 %). Cette année, après avoir mûri l’idée et s’être renseigné auprès d’un ami déjà équipé de trackers solaires, il a décidé d’investir à son tour dans cette technologie afin d’auto-produire une partie de ses besoins en électricité.

-27 % sur la facture EDF en heure pleine.

trackers2« Chaque projet fait l’objet d’une étude de consommation avec campagne de mesures en vue de définir le profil de consommation et d’adapter la dimension et le nombre de trackers en conséquence », explique Jérôme Heulot, responsable vente & marketing de la société OKWind (à gauche sur la photo). Ainsi, sur l’exploitation d’Anthony Salmon, ce sont trois trackers de 110 m2 qui ont été installés (50 000 € chacun, pas d’aides en région Pays de la Loire). « Je n’avais pas intérêt à investir davantage car aujourd’hui, il n’existe pas de solution de stockage de l’électricité produite, celle-ci est directement consommée sur l’élevage », précise l’éleveur. Afin de ne pas produire de l’énergie en pure perte, les trackers ont donc été dimensionnés pour couvrir la quantité d’électricité nécessaire au pic de consommation en période hivernale, « là où je ventile le moins », précise-t-il. A plein régime, les trackers solaires produisent environ 20 kWh, annonce Jérôme Heulot. Un boîtier positionné dans le local technique permet à l’éleveur de visionner en temps réel sa consommation et sa production d’électricité.

« Depuis que j’ai cet outil, j’ai modifié mes pratiques afin de lisser mes consommations d’énergie dans la journée et ainsi optimiser l’électricité produite sur mon exploitation », explique l’éleveur.

Il veille ainsi à ne pas faire fonctionner ses tapis à fientes aux heures où sont programmées les distributions d’aliment. Moyennant quoi, sa production d’électricité lui a permis de réduire de 27 % sa facture EDF en heures pleines. Plutôt appréciable compte tenu des récentes augmentations* et de celles encore à venir… Avec l’évolution des différentes taxes désormais indexées sur le prix du Kwh, ce dernier est en effet passé à 9,76 centimes d’€ en heure pleine pour les contrats supérieurs à 36 KVa. « Mais grâce aux trackers, le coût du kWh est ramené à 5-6 centimes d’€ », calcule-t-il.Par ailleurs, chaque kWh produit permet d’éviter le rejet de l’équivalent de 350 grammes de CO2 (moyenne européenne), « soit 31,6 tonnes/an et 790 tonnes au bout de 25 ans, durée de vie des trackers », se réjouit Anthony Salmon.

Semblables à des tournesols…Selon l’étude prévisionnelle, le retour sur investissement est prévu sur 10 ans, équivalant à la durée du prêt contracté par l’éleveur. « On n’a pas de mauvaise surprise concernant la quantité d’électricité produite à l’année, les méthodes de calcul utilisées sont fiables et réalistes », assure Jérôme Heulot.trackers4Les panneaux sont positionnés en tenant compte de l’environnement (arbres,….) et en respectant un intervalle de 30 mètres (exposition nord-sud) à 70 m (exposition est-ouest) afin d’éviter les phénomènes d’ombrage et optimiser la production d’électricité.Dans le même esprit, un « cerveau » positionné sur chaque tracker, et équipé d’une horloge astrologique (enregistrement de la position théorique du soleil aux différentes heures de la journée), va piloter l’orientation et l’inclinaison des panneaux (de 65° le matin à 35 ° en soirée) au cours de la journée afin que les rayons solaires viennent taper à 90 °, imitant en cela le comportement des tournesols en croissance. « Le tracker change de position environ toutes les dix minutes », précise-t-il.Chaque Tracker comprend trois séries de panneaux solaires, également appelés « string ». Dès que la vitesse du vent dépasse 40 km/heure, les panneaux se mettent en position horizontale (position de sécurité) dans laquelle ils se trouvent également la nuit. Ainsi, pendant la phase nocturne, l’humidité se dépose sur les panneaux, et lorsque ces derniers retrouvent leur position inclinée le matin, les saletés tombent d’elles-mêmes (système auto-nettoyant).Les trackers sont par ailleurs équipés d’un système d’alarmes avec accès à distance pour l’équipe OKWind.

Pas besoin de permis de construireDe par leur conception - vérin électrique et actionneur rotatif, mât et structure en acier galvanisé-, l’entretien des trackers est minimaliste et consiste à réaliser un graissage annuel en trois points.trackers5« Les panneaux sont de fabrication allemande, la perte de puissance est de l’ordre de 15 % au bout de 10 ans de fonctionnement », précise Jérôme Heulot. Il faut néanmoins prévoir de changer les ondulateurs tous les 10 à 12 ans. Les trackers ayant une hauteur inférieure à 12 m et une surface au sol inférieure à 20 m2, il n’est donc pas nécessaire de demander un permis de construire, conformément aux règles d’urbanisme en vigueur. Une simple demande d’autorisation auprès du maire suffit donnant lieu à l’envoi d’un récépissé de dépôt.L’implantation des trackers demande par contre de creuser une tranchée et aussi quelques travaux de maçonnerie qu’Anthony Salmon a choisi de réaliser lui-même, réduisant ainsi la dépense d’un tiers.

« Il faut compter 3 000 €/massif pour un tracker de 110 m2 », précise Jérôme Heulot.

Un responsable OKWind est néanmoins présent au moment où la dalle de béton est coulée, sachant que la partie ferraillage a été au préalable dimensionnée par le bureau d’études de la société. Les trackers sont pré-assemblés à Vitré (35) où est implantée la société OKWind avant d’être acheminés sur le lieu de leur installation. « Nous assurons le paramétrage et tout le suivi derrière », souligne-t-il.L’entreprise compte déjà une dizaine d’installations en productions d’œufs standards et d’autres projets en cours. La liste est logiquement appelée à s’allonger dans les années à venir avec l’augmentation du prix de l’électricité, et d’autant plus si les recherches en cours concernant une solution de stockage de l’énergie aboutissent.

*Selon les estimations de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la hausse du prix du kWh est évaluée à 7 à 10 %/an. Pour information, le prix du kWh est de 20 centimes d’€ en Allemagne contre seulement 10 centimes d’€ en France aujourd’hui.

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