Ils n'ont pas mis tous leurs œufs dans le même panier !

À la SCEA « Les bons œufs » à Louannec (22), l'activité a énormément évolué depuis notre rencontre début 2015 avec Nicolas Saliou qui co-gère l'entreprise avec son frère Sébastien et leur père Pierrick.
En effet pour répondre à la demande du marché, les éleveurs ont décidé de supprimer 50 000 places en cages aménagées et de transférer les droits à produire en production biologique (21 000 places) et plein air (10 000 places).Aujourd'hui, eux qui se sont lancés dans la production plein air en 2015, ont arrêté leur production de poulettes. Ils gèrent une production d’œufs de consommation très diversifiée, composée de 27 500 poules en production biologique (code 0), 25 500 autres en volière plein air (code 1), 55 000 en cages aménagées (code 3), et 30 000 en élevage au sol (code 2).
L'élevage au sol, Nicolas Saliou croit en son développement dans un avenir proche.
Car si cette production peine encore aujourd'hui à trouver sa place dans les rayons des supermarchés, il est de ceux qui sont convaincus que la décision des GMS d'arrêter la distribution d’œufs produits en code 3 d'ici 2020 favorisera le développement de la production en code 2. « D'ailleurs, d'un point de vue sanitaire, ne serait-ce pas la solution ? » se demande-t-il. L'éleveur rappelle en effet l'épizootie d'Influenza aviaire que la filière connaît aujourd'hui oblige au confinement de toutes les volailles. Si l'étiquetage « plein air » est toujours autorisé malgré les mesures de confinement momentanées, et ce moyennant une information du consommateur dans les rayons des GMS, il n'en reste pas moins que pour des raisons d'ordre sanitaire, il est interdit de sortir ses poules élevées en production biologiques ou plein air. Aucune différence donc comparé à un œuf produit en code 2. Le consommateur devra réussir à s'y retrouver du côté du côté prix...
Pour ces éleveurs qui ont choisi en 2015 de se lancer dans la production d'œufs en volière plein air, le principal enjeu technique est bel et bien de parvenir à maîtriser la ponte hors-nid. Et si l'apprentissage du vol par les poules ne pose pas de difficulté, la ponte hors-nid demande au contraire d'y consacrer beaucoup plus de temps. « On a beau élever la poulette de la meilleure façon qu'il soit, il est très difficile de maîtriser complètement cet aspect de la production. Et pour en avoir parfois discuté avec d'autres éleveurs, je crois qu'il n'existe pas de science exacte à ce sujet. Peut-être que le recul et l'expérience nous aideront avec le temps à améliorer nos résultats à ce niveau là. »
« Dans notre métier, il est important d'être visionnaire et avant-gardiste. Il faut voir loin et anticiper la tendance de demain. »
Une attitude qui a échappé selon lui à certains décideurs de la filière il y a quelques années lorsque d'importants investissements ont été engagés massivement pour la mise aux normes bien-être des élevages en système cages aménagées. Selon lui, « il ne fallait pas investir aussi massivement dans du code 3 sans regarder ce qui se passait concrètement dans les rayons des supermarchés ! »Pour l'éleveur, la décision de la GMS de supprimer à terme les œufs produits en code 3 était « prévisible ». « In fine, cela devait arriver ! Maintenant je trouve dommage et trop rapide d'annoncer aussi vite une suppression radicale de la distribution de ces œufs. Une réduction aurait été à mon sens plus raisonnable. » Car comme le rappelle Nicolas qui gère encore une production de 55 000 poules en cages aménagées, ces œufs ont toujours leur place en GMS. « Certains consommateurs les plébiscitent toujours autant, et ils ont le droit d'acheter du code 3 s'ils le veulent. »Aujourd'hui, les éleveurs entendent poursuivre le développement de leurs activités en s'adaptant toujours un peu plus à la demande et l'évolution des tendances de consommation. Ils ont ainsi le projet d'augmenter leur production de 24 000 places en production biologique d'ici 2018. L'idée étant à terme d'amener à 1/3 la part d’œufs en code 3 produite au sein de leur exploitation.