Gestion d’ambiance : trouver l’équilibre

Il y a deux ans, David Paboeuf rénovait ses 6000 m2 de bâtiments : sol bétonné, lumière naturelle, ventilation pignon… Autant d’équipements qu’il a fallu apprendre à connaître et à maitriser.
Comment s’est passée la prise en main des nouveaux bâtiments ? Avez-vous eu des difficultés particulières ?
Cela a été un peu compliqué au début, notamment concernant la gestion de ventilation et la tenue des litières. La programmation du boitier n’était pas tout à fait au point et je ne maitrisais pas totalement ce que cela impliquait d’avoir des pans isolés et des bâtiments à faible volume. La capacité d’échange en air est réduite et l’impact de la bonne ou mauvaise gestion de la ventilation est plus important. J’ai eu du mal à trouver le bon équilibre pour obtenir un bâtiment bien ventilé sans trop perturber l’activité des animaux. Au début, nous avons d’ailleurs eu des ralentissements de croissance.
Finalement, j’ai ajouté des décalages sur une trappe sur trois ainsi que des déflecteurs pour optimiser le circuit d’air. Ce sont des bâtiments avec de très faibles pentes en plafond, l’air prend donc beaucoup de vitesse même à très faible dépression. Je démarre donc en latéral et quand le débit devient trop important, je dois casser le flux d’air en pignon.
Avez-vous eu des difficultés à travailler la litière avec le sol béton ?
Je suis parti du principe que si on veut que la litière absorbe l’humidité, il en faut une bonne quantité : soit on en met une faible quantité et on repaille régulièrement, soit on met une bonne quantité dès le démarrage que l’on retravaille ensuite. Je suis plutôt parti sur la deuxième option.
En terre battue, on serait obligé d’en mettre encore plus à cause de l’humidité et des écarts de niveaux. La difficulté du béton, c’est qu’une fois qu’il est chaud, comme il est isolé sur toute la surface, il génère une chaleur supplémentaire sous la litière. On a alors un risque de croûtes et de fermentation.
Quel type de litière avez-vous choisi ?
J’utilise des copeaux, mais je pense passer en paille taille ultra fine, à la limite de la farine, en espérant que ce soit plus facile à travailler pour garder une bonne qualité de litière et éviter les pododermatites.
Si vous deviez refaire votre rénovation, avec le recul, feriez-vous d’autres choix ?
La seule chose que je changerais, c’est la hauteur sous plafond que je rehausserais de 25 cm pour gagner en volume d’échange d’air.
Vous avez également équipé vos bâtiments de sondes pour mesurer le taux de CO2 et ajuster automatiquement la ventilation en fonction. En êtes-vous satisfait ?
Les sondes CO2 sont un bon indicateur, mais cela reste assez compliqué de baisser les taux de CO2 en dessous de 300 ppm au démarrage.
Le programme de ventilation est basé sur le besoin d’air théorique de l’animal, qui est ajusté en fonction de l’hygrométrie et du taux de CO2. Les choses se calent avec le temps et on doit rectifier de moins en moins. Mais il nous a bien fallu un an et demi pour maitriser tout le système.
Vous utilisez également des caméras pour surveiller l’intérieur du bâtiment. Vous sont-elles utiles ?
Ce sont de très bons aides d’élevage. Cela permet de voir certaines choses qu’on ne voit pas au sol. Les caméras restent donc une aide non négligeable quand on a 6000 m2 au sol, même si ce n’est pas forcément indispensable. Si j’ai un doute, quand je suis rentré chez moi le soir ou quand je suis à l’extérieur, cela permet de vérifier la répartition des animaux, car les paramètres du boitier de régulation ne suffisent pas toujours à garantir que tout va bien. En revanche, la caméra permet de confirmer ce qui se passe sur le boitier de ventilation.
Vos bâtiments sont polyvalents poulet-dinde. Avez-vous testé la dinde ?
Non. Si vraiment il fallait faire de la dinde, j’en ferais, mais seulement de façon ponctuelle. Étant donné le volume du bâtiment, nous avons installé des assiettes basses, autrement je n’avais plus la place pour sortir le fumier avec le télescopique. Cela pourrait être un frein pour l’élevage de dinde.
Cependant, quand les commandes de poulets étaient un peu plus calmes, j’ai effectué un lot de pintades. La gestion reste la même, mais il faut réussir à comprendre les animaux. Chaque espèce à ses modes de communication.
Avez-vous effectué d’autres modifications sur les bâtiments depuis 2016 ?
Je voudrais rajouter des purges automatiques sur les lignes d’eau. Pour le chauffage, les bâtiments ont été conçus en canon. Or, je trouvais que le canon créait de la vitesse d’air et de l’inconfort pour les animaux. Puis il y avait un petit souci avec les canons, ajouté à un petit souci avec la ventilation… mis à bout à bout ça rendait la gestion d’ambiance compliquée. Je suis donc passé en radiants.