Anne-Marie Prigent : finis les lots infectés par Brachyspire !

Souvenez-vous, c'était en septembre 2014... Anne-Marie Prigent, cette éleveuse de poules pondeuses plein air Label rouge, nous avait expliqué comment elle avait réussi à en découdre après plusieurs lots infectés par des souches pathogènes de Brachyspire. L'essai était à confirmer... Alors où en est-elle aujourd'hui ?
À Saint-Ygeaux dans les Côtes d'Armor, Anne-Marie Prigent a fait le choix en 2014 d'introduire le probiotique Bactocell (Lallemand) dans l'espoir de ne plus avoir à composer avec des lots infectés par des souches pathogènes de Brachyspire. « Et après trois lots concluants, je peux dire que chez moi, ça marche très bien ! Voilà maintenant trois ans que je n'utilise plus du tout d'antibiotiques. Je vermifuge lorsque cela est nécessaire, j'ai limité les traitements d'hépatoprotecteurs, j'apporte de la vitamine C dès que le besoin se fait sentir, mais c'est tout ! », explique-t-elle, aujourd'hui rassurée.Chiffres à l'appui : sur son dernier lot, l'éleveuse a enregistré un indice de consommation de 2,26 en moyenne, et 322 œufs par poule à 72,8 semaines.
Si elle se dit satisfaite du probiotique qu'elle utilise et dont elle ne se passerait pas aujourd'hui, Anne-Marie explique toutefois que la réussite d'un lot est multifactorielle. Pour elle, « il ne faut surtout pas louper le démarrage. Dès l'arrivée des poules, je surveille leur comportement. Rien n’est écrit à l’avance, je m’adapte à chaque lot de poules. Je passe cinq fois le matin si nécessaire pour limiter la ponte au sol et vérifier qu'elles mangent bien. Être ainsi présente permet de réagir tout de suite à la moindre alerte. » Pesée, suivi de la courbe de poids d’œufs : « Je les examine en quelque sorte ! »
Autre facteur de réussite pour elle : « travailler avec une souche qui me convient bien. J'ai fait le choix il y a quelques années de la poule Hyline, et j'en suis ravie. C'est un animal très calme, moins sensible au stress, qui profite aussi pleinement du parcours. C'est mon choix, je préfère travailler dans ces conditions. »
Anne-Marie apprécie également la proximité qui s'est installée avec l'équipe vétérinaire de Corlay avec laquelle elle collabore. Une question, une suspicion, une anomalie : « si j'ai le moindre problème, je sais que je peux compter sur leur réactivité. Qu'il s'agisse de résultats d'une autopsie ou d'autres analyses, les réponses arrivent vite, c'est vraiment indispensable pour la réussite du lot. »
« Et puis c'est aussi à moi d'aller voir ce qui se passe dans d'autres élevages ! Il est nécessaire de s'ouvrir aux autres, d'échanger ses points de vue et ses expériences. Portes ouvertes, réunions techniques, etc. : tous les prétextes sont bons pour aller à la rencontre des acteurs de la filière. »
Désormais sereine, Anne-Marie Prigent considère ses problèmes liés à Brachyspire comme du passé. Si elle continue toujours de se concentrer sur la limitation des intrants, elle souhaiterait surtout enrayer l'apparition fréquente de fientes liquides. « Tant pour l'ambiance que pour le vide sanitaire et la valorisation ensuite, ce serait beaucoup mieux. Je sais que je n'ai pas de fuites d'eau, le problème est ailleurs. » Pour l'heure, pas encore de solution miracle. Elle essaie actuellement TM Litière.B (TMCE), un complexe minéral régulateur de matière organique à pouvoir asséchant, et qui favorise une bonne orientation de la microflore des fumiers et une meilleure salubrité des bâtiments. « Avec les caillebotis, il faut admettre que ce n'est pas toujours facile à épandre au sol. Mais j'ai déjà remarqué un début d'amélioration. On verra par la suite ! »