Ventilation : les erreurs les plus courantes

22 octobre 2019 - Filières Avicoles

Problème de vitesse d’air, décalage de trappes, adaptation aux changements météorologiques… Cette semaine, Emmanuel Defossez, technicien volaille de chair et référent dinde chez Uneal, revient sur les erreurs fréquentes en matière de ventilation.

Quelles sont les erreurs les plus fréquentes en matière de ventilation ?

Je remarque souvent des erreurs de réglage : sur les boitiers , des trappes mal calibrées, des veines d’air qui ne sont pas corrigées, des sondes de températures qui donnent des mesures erronées… des courbes de temps encore réglées sur une météo estivale alors qu’on est en automne…

Avec les progrès de la génétique, les poulets ROSS 308 sont capables de faire 60 ou 62 grammes de GMQ. Ce sont de véritables formules 1, à condition de savoir les piloter. Or, le stress thermique peut avoir un réel impact négatif sur ces animaux.

Je constate aussi souvent des problèmes de vitesse d’air. Certains éleveurs confondent parfois température demandée et température ressentie.

Par exemple, vous voulez obtenir 20 degrés Celsius dans un bâtiment ; cette consigne demande l’ouverture de plusieurs ventilateurs, ce qui va générer une vitesse d’air importante pouvant stresser les animaux. Le lot sera alors moins mobile et le GMQ risque de diminuer.

Or, le poulet ROSS 308 doit avoir une conduite thermique qui ressemble à celle de la dinde, soit des températures plus hautes avec des vitesses d’air plus faibles, car ils sont sensibles aux courants d’air.

Je conseille donc de ne pas se focaliser uniquement sur la consigne de température, mais d’observer aussi le comportement de l’animal et la façon dont il perçoit la ventilation.

D’ailleurs, on dit souvent : « Dans un poulailler où il y a 20 000 poulets, vous avez 20 000 sondes de températures ! ». C’est 20 000 volailles qui — si vous prenez le temps de les observer — vous diront si elles ont trop froid ou trop chaud, alors que la sonde ne vous donnera qu’une mesure théorique. Cela peut parfois m’amener à dire à l’éleveur de remonter de 2 degrés une température parce que le comportement des animaux n’est pas cohérent.

L’important est donc d’amener les changements de températures en douceur, d’un bout à l’autre du lot. Aujourd’hui, il est courant de démarrer des poussins à 35 degrés (contre 31-32 degrés, il y a vingt ans) et de finir le lot à 22 ou 23 degrés pour maintenir un certain confort.

Existe-t-il d’autres erreurs fréquentes ?

On remarque aussi souvent des décalages de trappes discontinues ou continues, des trappes qui demandent à être ouvertes à 10 % et qui en fait sont mal réglées. Les causes sont multiples : des déflecteurs déréglés, les cordes détendues… tout cela va impacter la veine d’air.

Que conseilleriez-vous ?

On va régulièrement vidanger le tracteur, ou faire des réglages sur les pulvérisateurs, mais combien de fois par an fait-on régler son bâtiment de volaille ?

Or, les éleveurs les plus pointus sont ceux qui donnent mesure à tous ces éléments. En fonction de la température, les câbles se dilatent ou se rétractent, ce qui engendre des décalages. On ne peut plus se permettre d’avoir des trappes à 20 % d’ouverture, quand la consigne est de 15 % ! Le contrôle technique d’un bâtiment devrait être fait une fois par an, en situation de démarrage et en situation d’engraissement pour vérifier les ouvertures et la fiabilité des câbles.

L’installateur vient contrôler les ouvertures au démarrage, en température chaude et revient à 4 semaines, en période de refroidissement pour vérifier qu’on ait la dépression dont on a besoin.

Pour moi, il y a peut-être aussi un manque de discussion avec le service technique. Certains éleveurs n’osent pas toucher aux réglages. Les échanges et la formation avec les équipes techniques me paraissent très importants, pour permettre à l’éleveur de prendre correctement la main sur la gestion de la ventilation et ne pas se reposer uniquement sur les consignes théoriques.

Le changement de saison été/hiver est-il aussi source d’erreur ?

Mi-septembre, j’ai croisé un éleveur de dindes qui avait réglé un bâtiment statique avec un lot à 110 jours à 10 degrés. En ce moment, il fait 18 degrés avec un vent de nord-est à 30 km/h, son réglage n’était plus du tout d’actualité. Il a fait très chaud cet été, et certains éleveurs ont parfois eu des difficultés à revenir à des paramètres normaux dans leur ventilation sur le lot suivant.

Il faut donc suivre la météo, mais aussi vérifier qu’on a de bons indicateurs.

Par exemple, pour un bâtiment Louisiane, si la station météo ou la girouette fonctionne mal, l’éleveur aura des difficultés à adapter sa conduite thermique aux changements de vent, à moins de passer plusieurs fois par jour dans son bâtiment pour observer les animaux.

Quels sont les signes qui doivent alerter l’éleveur sur un potentiel dérèglement de la ventilation ?

Un lot de poulets de 20 ou 25 jours, en pleine journée, il doit être actif. Si le lot est tapi au sol, c’est qu’il a froid. Si le rideau est ouvert à 45 % lorsqu’il rentre le matin, alors qu’il fait 10 degrés dehors, cela doit l’alerter.

Le suivi des consommation eau /aliment est également un bon paramètre.

La dégradation de la litière peut aussi être un indice de dysfonctionnement : lorsque les animaux ne bougent pas assez, la litière se dégrade.

En cette période de grandes variations de température entre le matin et la fin de journée, comment appréhender la gestion d’ambiance ?

Sur des bâtiments statiques, il est extrêmement compliqué d’avoir un réglage uniforme sur 24h. Il vaut mieux que les animaux aient un peu trop chaud que l’inverse, parce qu’ils consomment plus d’énergie pour se réchauffer que pour se refroidir.

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