« A l’initiative de vétérinaires du Sud-Ouest, un groupe de professionnels a travaillé sur la mise en œuvre de la vaccination contre l’IA en France. Son objectif : poser des scénarii possibles et chiffrer les coûts engendrés. Dans le raisonnement de la stratégie sont pris en compte les zones (certaines plus propices au virus que d’autres, zones humides…), les espèces (certaines plus sensibles comme le canard, la dinde et la poule pondeuse), le mode de production, les périodes… » indique Maxime Quentin, directeur adjoint et directeur scientifique de l’Itavi. Le groupe, composé d’une vingtaine d’acteurs de terrain fortement engagés dans la filière avicole (organisations de production, cabinets vétérinaires spécialisés dans le suivi sanitaire des élevages, laboratoires vétérinaires disposant des candidats vaccins contre l’influenza aviaire) s’est basé sur l'outil EVACS qui permet une comparaison/visualisation de plusieurs stratégies vaccinales (développé par le Cirad en 2013 en partenariat avec Ceva santé animale). Il évalue le niveau de séroprotection selon le nombre de volailles vaccinées présente sur un territoire. Selon le Cirad, une efficacité contre la diffusion du virus. Le groupe de professionnels a donc proposé quatre scenarii (de 0 à 80% de séroprotection) aux autorités et à la DGAL. (Cf tableau)
De 30 000 et 170 000 visites vétérinaires suivant le scénario
Rien que pour la vaccination, le nombre de « vaccinateurs » varie de 50 à 850 suivant le scénario. Il conviendra de recruter du personnel en lien avec les équipes actuelles et les vétérinaires et de former et auditer les opérateurs couvoirs et terrain. Le monitoring coûte entre 22 et 139 millions d’euros comprenant les visites vétérinaires, les prélèvements. « Il sera nécessaire d’effectuer entre suivant le scénario. Sur les volumes actuels, la vaccination aurait un coût entre 30 et 300 millions d’euros. Pour rappel, le coût de la crise en 2022 est estimé entre 1,2 milliard et 1,4 milliard euros. La faisabilité technique et économique se pose. Les vétérinaires se préparent à la mise en œuvre de cette vaccination et l’Etat s’est engagé à passer une première commande de vaccins pour juin 2023 » ajoute-t-il.
Les bénéfices de la stratégie vaccinale sont connus : la réduction du nombre de foyers, des indemnisations, des pertes économiques. Il n’y aura aucune garantie d’éradiquer le virus comme pour d’autres, il faudra composer avec sa présence sur le territoire. La logistique à mettre en place reste complexe avec des problèmes de disponibilité des vaccins.
L’impact sur les échanges avec les pays tiers et intra-communautaires dépendra de la stratégie retenue. Une étude vaccination CGAEER de 2021 a chiffré à minimum 250M€ de pertes économiques si le virus n’est pas maîtrisé (sur la viande, la génétique et les œufs et ovoproduits). Un travail est engagé sous l’égide de la DGAL pour finaliser la stratégie vaccinale, la logistique de mise en œuvre et la négociation des échanges avec les pays tiers
Tableau : Synthèse des différents scenarii
60% de séroprotection garantit au scenario 3
Scénario 1 | Scénario 2 | Scénario 3 | Scénario 4 | |
Espèces "cibles" | Palmipèdes, dindes | Palmipèdes, dindes, pondeuses, festifs | Palmipèdes, dindes, pondeuses, Gallus > 42 J | Toutes volailles sauf repros et certains gibiers |
Zones "cibles" | ZRD | Ttes zones et ZRD élargies pour festifs | Ttes zones + ZRD élargies pour festifs | Ensemble du territoire |
Périodes "cibles" | Du 01 nov au 30 avril | Année complète | Année complète | Année complète |
Coût vaccination (M€) | 12 - 13,5 M€ | 51 - 72,5 M€ | 89 - 129,4 M€ | 186,1 - 189,1 M€ |
Coût monitoring (M€) | 22,3 | 87,9 | 110,4 | 139,7 |
Bénéfices | Approche coût / risque de diffusion | Approche qui protège complètement 3 segments de production | Approche globale qui vise à une immunité de cheptel de l’ouest | Approche massive qui assure une protection globale |
Risques | Manque de couverture vaccinale | Durée minimum de 18 mois engagée | Faisabilité technique et économique | Faisabilité technique et économique |