Qualité d'eau : identifier les points faibles en élevage

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Des questions, des mesures (température, débit d’eau, potentiel d’oxydo-réduction), des relevés de consommation d’eau… Voilà comment se déroule l’audit sur la qualité d’eau réalisé avec le logiciel Aquascope, mis au point par Theseo et Mixscience. A la fin de la visite, l’éleveur connaît sa situation et se voit proposer des pistes d’amélioration pour maîtriser au mieux cet intrant.

Tout est parti d’une enquête menée au cours de l’été 2015 dans une centaine d’élevages travaillant en partenariat avec Sanders en vue de faire un état des lieux sur la qualité de l’eau. Une étude lancée dans le cadre de la stratégie de gestion sanitaire durable* adoptée par la marque pour répondre au défi actuel de démédication. Nicolas Brévault, responsable volailles chez Mixscience, précise :

"Elle a révélé que si 55 % des eaux étaient potables en bout de ligne, seulement 12 % étaient conformes, autrement dit 88 % des eaux sondées ne répondaient pas aux préconisations faites en volailles".

Voilà comment est née l’idée de créer un outil d’audit, baptisé Aquascope. Cet outil permet d’expertiser la qualité de l’eau, la pertinence et l’efficacité du traitement utilisé pour hygiéniser l’eau, les méthodes d’entretien et de nettoyage-désinfection des canalisations, la quantité de matériel d’abreuvement et son bon fonctionnement, les consommations d’eau.

Validation sur le terrain

Theseo, Mixscience et Sanders se sont fixés comme objectifs d’identifier dans chaque élevage les défauts et marges de progrès pour d’ici trois ans obtenir 100 % d’eaux potables et 70 à 90 % d’eaux conformes. Après sa mise au point, l’Aquascope a été soumis à une validation terrain sur l’élevage de Pierrick Turneau, producteur de volailles de chair à Etrelles (35) avec 2 400 m2 de poulaillers, auxquels s’ajoutent un atelier de 70 taurillons et 50 hectares de cultures.Anita Vinouse, xxxxxxxxx.Anita Vinouse, technicienne en charge du suivi sur l’élevage de Pierrick Turneau, a donc étrenné pour la première fois le 12 mai dernier le logiciel accessible sur Smartphone ou tablette.Le diagnostic repose sur un ensemble de questions et de mesures faites en élevage dont les réponses vont être enregistrées en instantané afin d’avoir le bilan dès la visite terminée.Chaque technicien est équipé pour cet audit d’un kit "diagnostic de l’eau" comprenant un thermomètre à infra-rouge, un débitmètre (modèle développé par Cobb), un appareil de mesure du potentiel d’oxydo-réduction, des bandelettes permettant de mesurer la quantité de chlore libre ou de peroxyde en bout de ligne.

Matériel, analyses, traitement, entretien

Tous les critères sont passés en revue, rien n’est laissé au hasard. Relevés des compteurs d’eau, pression à l’arrivée dans le sas et en bout de ligne, débit en sortie de pipette, espacement entre les points d’eau, nombre d’animaux par pipette, fréquence de réglage des lignes, contrôle des fuites et du bon fonctionnement des lignes, consommation d’eau et régularité et qualité du suivi…

"Ces critères sont importants car il existe une forte corrélation entre consommation d’eau et performances", souligne Nicolas Brévault. "La vétusté du matériel peut générer des sous-consommations au démarrage ou des sur-consommations en finition avec une dégradation de la litière. On préconise de changer les pipettes tous les 6 à 7 ans".

Mais aussi fréquence et résultats des analyses d’eau, traitement réalisé, quantité de produit… A ce niveau, le technicien dispose d’un outil spécifique d’aide à la décision qui lui permet de vérifier en fonction des caractéristiques physico-chimiques de l’eau d’élevage (pH, dureté, teneur en manganèse et en fer), le ou les traitements les plus adaptés ainsi que les éventuelles modifications à apporter pour garantir l’efficacité des différents traitements existants. Cet outil calcule par ailleurs la quantité de produit à utiliser par lot et le coût du traitement par m3 d’eau, par animal et par lot.Et enfin, l’aspect entretien (nombre de purges en cours de lot)/nettoyage-désinfection.Le protocole à réaliser au vide sanitaire est généralement bien connu des éleveurs (base/rinçage/acide/rinçage/désinfection). Le technicien va vérifier que la bonne quantité de produit est utilisé en fonction du diamètre des canalisations, de la longueur moyenne et du nombre de lignes d’abreuvement.

Des pistes d’amélioration

poulet-boissonAu final, une note est attribuée pour chacun des grands domaines abordés et permet à l’éleveur de se situer. Il prend aussi connaissance des non-conformités identifiées sur son élevage, et des actions correctives ou des points d’amélioration lui sont proposés. Un compte rendu en version pdf, étayé au besoin de photos prises en élevage par le technicien, lui sera remis, faisant office de véritable "feuille de route".Concernant l’élevage de Pierrick Turneau, alimenté par une eau de forage potable à l’arrivée dans le sas, et dotée d’un pH de 7,1 (pas de traitement ni d’acidification) et d’une dureté de 18, les points d’amélioration qui lui ont été suggérés portent sur :- la mise en place d’un traitement avec Sanoklor, "la disponibilité du chlore actif avec du DCCNa est supérieure aux autres produits chlorés classique ce qui améliore la qualité de la chloration", précise Ophélie Thuret, responsable technique chez Theseo.- la réalisation d’une analyse d’eau tous les six mois au lieu d’une fois par an actuellement,- l’entretien des joints de sa pompe doseuse,- l’optimisation du protocole de nettoyage-désinfection au vide sanitaire via l’utilisation du produit acide en double dose afin d’avoir un effet désinfectant qui dure dans le temps,- la réalisation de purges régulières afin d’avoir une eau plus fraîche à disposition des animaux.

"Normalement, il faudrait purger les lignes toutes les 6 heures pour maintenir une eau à 15-16°C comme cela est conseillé. Une eau supérieure à 21°C réduit la consommation des volailles et favorise la prolifération bactérienne", précise Anita Vinouse. "Il existe aujourd’hui des systèmes de purges automatiques et des circuits fermés où l’eau reste tout le temps en mouvement", souligne Nicolas Brévault.

L’éleveur reconnaît faire l’impasse sur certaines choses par faute de temps et aussi pour limiter le coût des intrants et préserver de son point de vue sa marge nette. Moyennant en quoi, le risque sanitaire liée à l’eau de boisson n’est pas complètement maîtrisé sur son élevage.

Une démarche de progrès

"Les données de chaque élevage sont conservées en mémoire afin d’évaluer la progression entre deux audits, et viennent également enrichir une base de données générale qui permettra d’avoir en temps réel une vue d’ensemble du parc de bâtiments en matière de qualité d’eau", explique Nicolas Brévault.Par ailleurs, des formations et réunions d’échange à destination des éleveurs vont être organisées par secteur géographique dans les temps à venir afin de sensibiliser encore davantage ces derniers à la problématique de la gestion de l’eau et faire le lien avec la démédication.

"La qualité de l’eau en elle-même ne fait pas tout, mais c’est une pierre à l’édifice".

Un guide technique a aussi été rédigé reprenant l’ensemble des normes et recommandations par espèce en matière de qualité d’eau et de matériel d’abreuvement.*La gestion sanitaire durable comprend cinq piliers : l’aliment, l’eau, la biosécurité, le management technique et la prophylaxie.
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