Pour une agriculture plus cohérente

Installé en 1997 en centre Bretagne, Alain Moysan s’est tourné vers l’agriculture biologique. Il a d’abord transformé son élevage de reproductrices chair en atelier de poules pondeuses bio, puis passé l’ensemble des 75 hectares en bio pour atteindre une certaine autonomie alimentaire. Aujourd’hui, il défend un modèle de production qu’il estime plus cohérent.
Qu’est-ce qui vous a poussé à passer votre exploitation en bio ?
Quand mon épouse m’a rejoint sur l’exploitation, nous avons fait le choix de changer de production de volaille et opté pour la pondeuse bio. Ensuite, on a converti toute l’exploitation en bio afin d’avoir un système cohérent. On aurait du faire ça plus tôt !
Lorsque vous avez converti votre exploitation en bio, avez-vous rencontré des difficultés particulières au début ?
Non, on a autant de difficultés aujourd’hui qu’au départ ! Mais c’est surtout plus intéressant ! L’agriculture bio, c’est un autre métier. Concernant l’agronomie des sols notamment, cela nous a demandé beaucoup plus réflexion, pour mettre en place la rotation des cultures et une approche plus préventive que curative, etc. Nous avons aussi des vaches allaitantes et des pondeuses.
Par rapport à la poule repro, l’élevage de poules pondeuses ne représente pas le même travail. Je trouve la gestion plus intéressante, moins monotone, et surtout plus agréable, car le bâtiment est moins concentré et les poules ont accès aux extérieurs.
Physiquement, c’est aussi moins pénible pour nous grâce à la conception des bâtiments et la ponte au sol. Nous n’avons plus à nous soucier de la gestion de coq. Et les souches sont plus faciles à gérer qu’avec les poules de repro chair.
Votre exploitation est-elle devenue plus autonome ?
Oui. Nous utilisons nos céréales par l’intermédiaire de la coopérative qui nous les transforme et les ramène. Aujourd’hui, 70 % de l’alimentation des pondeuses provient de notre exploitation. Pour nous, nous ne souhaitions pas seulement produire du bio, mais aussi acquérir une autonomie de culture pour nourrir nos animaux.
Car avec le développement de la production bio, trouver des cultures bio françaises ou issues de la région risque de devenir de plus en plus difficile.
Je voulais une démarche crédible jusqu’au bout. Il ne s’agit pas d’intensifier le bio pour arriver dans le même système qu’en conventionnel.
Cet argument, parvenez-vous à le valoriser auprès des consommateurs ?
Malheureusement non.
Depuis votre conversion, avez-vous développé la vente directe ?
Non, la vente directe, c’est un autre métier. Cela demande du temps.
Avez-vous d’autres projets ?
Aujourd’hui, nous sommes en contrat d’intégration. Les poules appartiennent au groupement. La vente de l’aliment représente une source de revenus. Le projet serait d’acheter mes poules et de vendre mes œufs directement afin d’être plus autonome vis a vis du groupement. Seulement, aujourd’hui personne ne veut mettre d’argent dans des bons œufs. Le bio n’est pas assez valorisé financièrement et les marges actuelles ne nous permettraient pas de soutenir notre mode de fonctionnement. Aujourd’hui, le bio est tendance et certains s’y lancent plus par opportunisme que par conviction. Nous, nous défendons une agriculture familiale et locale. Nous voulons essayer de faire vivre une campagne bretonne.
Si je pouvais trouver du foncier, j’aimerais développer davantage de cultures pour gagner en autonomie. Car pour compléter l’alimentation des pondeuses, il nous manquerait 30 hectares de cultures.