Nouvel arrêté Label Rouge : quels changements pour la production ?

Le 3 avril dernier, le ministère de l’Agriculture publiait un nouvel arrêté fixant les conditions de production communes (CPC) relatives à la production en label rouge. Le document concerne les volailles fermières de chair, mais également les viandes de volaille et préparations de viande de volaille fermières et les produits à base de viande de volaille fermière de chair. Par rapport au précédent document datant de 2017, quelques ajustements ont été apportés pour permettre aux productions sous Label Rouge de répondre plus facilement aux attentes des consommateurs. Juliette Protino, directrice adjointe du Synalaf, passe en revue ces récentes modifications.
Quelle est la raison de cette nouvelle publication ?
Précédemment, ces conditions de production commune aux volailles Label Rouge étaient définies dans ce que l’on appelait alors des « notices techniques » qui répertoriaient les exigences minimales pour obtenir le Label Rouge. Ensuite, chaque production avait son cahier des charges, qui reprenait en partie la notice et apportait en plus ses spécificités.
En 2017, à l’initiative de l’INAO, ces critères minimaux communs ont été réunis sous un seul et même document. Intitulé « conditions de production commune » (CPC), le document réunit les exigences minimums à respecter pour tous les cahiers des charges sous Label Rouge. Par conséquent, les cahiers des charges spécifiques ne contiennent plus que ce qui est précisément spécifique à une production, comme le plan d’alimentation, les croisements choisis, des critères qui ne se trouvent pas dans les CPC ou d'autres qui sont mieux-disant que ceux des CPC.
Cette première étape était essentiellement un changement de forme. En parallèle, le Synalaf avait émis des requêtes sur le fond, notamment pour la modification de critères pour adapter les productions aux attentes des consommateurs, du marché et à la technicité des abattoirs par exemple. Cette deuxième étape a été franchie avec la publication de ce nouveau document.
Quelles sont les principales modifications apportées ?
Ce travail dure depuis cinq ans, donc les modifications sont nombreuses, elles touchent de nombreux sujets et il serait impossible de les citer toutes. Mais parmi les principales modifications, on peut néanmoins retenir les points suivants :
- la prise en compte des techniques déjà utilisées en abattoirs sur d’autres produits (process de découpe, temps de ressuage ou électrostimulation notamment) ;
- la durée minimale de conservation pour les surgelés est passée de 12 à 18 mois pour faciliter les exportations et ouvrir certains marchés jusque-là problématiques. Cette durée ne concerne pas les volailles festives qui sont produites à une certaine période de l’année pour éviter que ces produits ne se retrouvent sur le marché d'une année sur l'autre.
- la fiche canard Pékin a été supprimée ;
- une nouvelle fiche de critères a été créée sur le mini-chapon, issu d’une femelle nanifiée. C’est un produit plus petit et plus adapté à la consommation, car les foyers étant de plus en plus restreints, les repas festifs nécessitent des portions moins importantes ;
- la découpe de la dinde de Noël et de l'oie a été autorisée, pour s’adapter aux attentes des consommateurs qui cherchent des portions plus petites et des produits plus faciles à cuisiner ;
- certains éléments trop textuels ont été supprimés pour se focaliser sur des critères vraiment contrôlables ; d'autres ont été clarifiés afin d'être bien interprétés.
- les dispositions de contrôle communes (DCC), publiées en parallèle des CPC ont également été rédigées, avec des précisions sur les méthodes de contrôle et les sanctions à appliquer. A noter qu'avant, chaque cahier des charges avait son propre plan de contrôle. Maintenant, il y a les DCC, communes à tous les cahiers des charges et les dispositions de contrôle spécifiques, pour les points particuliers de chaque Label Rouge.
- certaines pratiques ont été interdites, comme l’écrêtage et l’ébarbillonage des chapons, dans un souci permanent d'améliorer le bien-être animale et pour répondre aux attentes des consommateurs.
D’autres modifications sont-elles à venir sur d’autres productions Label Rouge ?
Le Synalaf est en train de mener le même travail pour les poules et les œufs Label Rouge, notamment pour permettre la labélisation des œufs liquides (blanc, jaune, ou mélange de blanc/jaune) – en effet, pour l’instant, seuls les œufs coquilles peuvent l'être – afin de répondre aux attentes de la RHD et des industriels qui souhaiteraient introduire du Label Rouge dans les repas / produits à base d'œufs.
Nous avons également souhaité augmenter l’âge maximal des pondeuses. Grâce aux avancées de la génétique, les poules peuvent pondre plus longtemps, tout en conservant une bonne qualité des œufs, ce qui signifie que l’on peut les garder plus longtemps en élevage, avoir moins de rotations, moins de réforme… c’est aussi bien pour le bien-être de l’animal et la biosécurité en élevage.
Nous travaillons avec l’INAO et des experts qui étudient ces propositions, parmi d'autres, afin de déterminer si elles sont acceptables et répondent vraiment à des critères de qualité supérieure comme le demande le Label Rouge.
Télécharger le PDF : Arrêté fixant les conditions de production communes relatives à la production en label rouge « volailles fermières de chair », viandes de volaille et préparations de viande de volaille, et les conditions de production communes relatives à la production en label rouge « produits à base de viande de volaille fermière de chair »