Le prêt participatif en vogue au SIA 2018

« Agrilend est une plateforme de prêt participatif dans le secteur avicole, permettant de prêter 20 000 à 1 M€. À ce jour, sur 30 projets étudiés, un peut être financé. Le prêt dont bénéficie l’éleveur ne nécessite ni d’apport ni de caution », précise Lionel Lasry, l’un des trois associés fondateurs de l’entreprise présente pour la première fois au salon dans l’espace Agri 4.0. « Une analyse financière est réalisée, afin de ne pas surendetter l’éleveur », précise-t-il. L’entreprise est membre de Financement participatif de France (FPF) et de la Chambre nationale des conseillers en experts financiers (CNCEF).
Du côté du prêteur, celui-ci est assuré auprès de Groupama afin de sécuriser le prêt. Il est possible de prêter de 50 à 2 000 € par projet sans frais. Les épargnants reçoivent leurs remboursements et intérêts chaque mois sur leur portefeuille électronique et peuvent transférer cet argent sur leur compte bancaire à tout moment.
Les bureaux de la start-up sont hébergés au sein de l’incubateur de jeunes entreprises du Crédit Agricole, « mais nous n’avons aucun lien capitalistique avec cette banque, ils mettent uniquement à disposition des bureaux et leur réseau d’éleveurs », complète-t-il. « Par ailleurs, nous ne sommes pas en concurrence avec les banques, nous proposons un apport complémentaire », souligne-t-il.
Miimosa, autre plateforme de financement participatif, a un peu plus de recul puisque cette entreprise a été créée voilà trois ans par Florian Breton. « L’argent provient de dons avec une contrepartie en nature (produits de la ferme, fruit...). 1 200 projets ont été financés, les montants des allaient de 1000 à 70 000 €, le montant moyen était de 6 500 € », détaille Florian Breton. « En France, 85 % des projets agricoles en partie financés par un prêt participatif passent par Miimosa. D’une part, l’agriculteur emprunte auprès du grand public, d’autre part le grand public s’y retrouve, car il effectue un investissement avec un taux d’intérêt attractif puisqu’il se situe autour de 2,5 % », précise-t-il. Une évaluation des risques est effectuée afin de « financer sans fragiliser » souligne-t-il. Parmi ces 1200 projets, 28 % concernent le domaine de l’élevage d’animaux, certains concernent la volaille et les objectifs peuvent être partiellement ou complètement atteints. Ainsi, la construction d’un poulailler de poules pondeuses bio a permis de récolter 2 700 € sur un objectif de 4500 €, un projet d’agroforesterie visant à renforcer la qualité des parcours en poules pondeuses a récolté 6 145 € sur les 6 000 € demandés.
« Miimosa poursuit son développement, l’an dernier nous avons financé des projets belges. De plus, notre volonté de nous rapprocher d’acteurs agro-industriels nous a permis de réaliser un partenariat avec le groupe d’Aucy », se réjouit-il. « Notre coopérative est en veille permanente vis-à-vis des demandes des consommateurs. Avec Miimosa, nous avons trouvé un accompagnement supplémentaire destiné aux agriculteurs souhaitant faire évoluer leur mode de production. L’objectif d’atteindre 10 projets financés via ce partenariat d’ici la fin 2018 a été fixé », explique Serge Le Bartz, président du groupe d’Aucy. « Actuellement nous présentons les différentes possibilités aux producteurs, notamment en poules pondeuses où d’Aucy espère que d’ici 2025 la totalité des producteurs soit passée en élevage alternatif et encourage les éleveurs de dindes à construire des jardins d’hiver », précise-t-il. Selon lui, « Miimosa compense en partie la demande d’autofinancement de l’éleveur demandé par les banques ».
Maëva Jégou