Comme dans beaucoup de pays, la mise en place de l’état d’urgence sanitaire au mois de mars a eu pour conséquence au Maroc un effondrement de la demande en viandes de volailles. Les mesures de confinement se sont traduites par « la disparition soudaine de près de la moitié des débouchés habituels de la filière », note dans son rapport l’APV, présidée par Ahmed Addioui. Dans ce pays, les circuits de restauration hors domicile (collectivités, restaurants, rôtisseries, snacks…) et les circuits de commercialisation en vif dans les souks et les marchés ruraux, pèsent plus de 50 % de la vente des poulets et une part significative du marché de la dinde. En outre, la consommation de volailles s’est contractée sous l’effet de l’effondrement du pouvoir d’achat des populations touchées par les mesures de chômage et les pertes d’emplois consécutives à la réduction de l’activité de nombreux secteurs économiques.
Des stocks de poulets et dindes invendus…
La conséquence de cette chute des ventes a été la constitution de stocks de volailles invendues dans les fermes et un effondrement des prix. Pendant plusieurs semaines, les poids vifs des poulets, départ ferme, ont atteint 3 à 4 kg, au lieu des 1,8 à 2,2 kg habituels. Avec parallèlement, une forte dégradation des indices de consommation. D’où des coûts de production qui ont grimpé de 11,50 à plus de 14 dirhams (1,30 €) le kg vif. Or, au même moment, le prix de vente départ ferme chutait à 6-8 dirhams (0,55 € à 0,74 €)…
Dans le secteur de la dinde, « la situation est encore plus dramatique », déplore l’APV. La vente en vif (25 % des quantités produites) a connu les mêmes problèmes qu’en poulets. Et le principal canal de commercialisation de la viande de dinde – celui des abattoirs spécialisés – qui émarge pour 75 % du total, s’est trouvé rapidement engorgé, avec d’importants stocks d’invendus.