Influenza aviaire : Une prise en charge de 85 % du coût du vaccin par l’État

2 octobre 2023 - Sandrine Pelletier et Maëva Jégou

Le 31 août dernier, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau s’est déplacé en Vendée pour visiter un élevage de canards et rencontrer les élus et organisations professionnelles agricoles nationales et locales. L’occasion pour lui d’annoncer les modalités de lancement de la campagne de vaccination contre l’influenza aviaire. 

« Nous sommes bien sur le calendrier que j’avais annoncé avec un début de vaccination des canards contre l’influenza aviaire qui démarrera début octobre », annonce Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Avant de pouvoir procéder à cette vaccination, le ministre rappelle les nombreuses étapes qu’il a fallu passer pour aboutir à ce résultat. Il y a en premier lieu le lancement des appels d’offres afin de commander le vaccin avant même de savoir si celui-ci serait qualifié. Puis il a fallu les précommander et donc les payer. Une fois le vaccin qualifié, le processus vaccinal a été établi avec l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Le suivi de la vaccination est également une étape importante afin de s’assurer de ne pas fermer de marché à l’export. « La diplomatie sanitaire a été réalisée par le ministère de l’Agriculture en lien avec les organisations professionnelles. Il reste quelques pays avec lesquels les négociations n’ont pas encore abouties, mais dans la très grande majorité les résultats sont satisfaisants, car nous avons donné des garanties de sécurisation concernant la vaccination. J’insiste aussi sur le fait qu’on a intérêt à ce que collectivement au niveau mondial on se pose la question d’une généralisation de la vaccination afin d’éradiquer ou de réduire très considérablement l’influenza aviaire qui est un élément de santé publique. Il est important qu’on ne laisse pas prospérer ce virus », insiste Marc Fesneau. La France devient ainsi le premier pays européen à vacciner contre l’influenza aviaire et le premier au monde avec un process de contrôle qui permet d’assurer la traçabilité.

Une prise en charge à hauteur de 85 % par l’État

Côté pratique, ce sont donc 60 millions de canards, hors reproducteurs, qui seront vaccinés dès la première semaine d’octobre (2700 élevages). Pour se faire, les vétérinaires, les éleveurs et les services de l’État seront mobilisés afin de procéder à la vaccination, mais également pour en assurer le contrôle. L’État s’investit à hauteur de 80 millions d’euros afin que pour la première année, cette campagne de vaccination ne soit pas une charge pour les éleveurs dont tous n’ont pas encore été indemnisés des dernières crises. « Cela représente près de 85 % du coût global qui sera pris en charge par l’État », assure le ministre de l’Agriculture. Le restant étant pris dans certains cas pour tout ou partie par les organisations professionnelles. Une première injection sera effectuée à partir de 10 jours de vie et une seconde 18 jours plus tard. Dans un premier temps, seuls les canards sont concernés par la vaccination, ces derniers étant plus sensibles au virus. L’État compte sur l’immunité collective, « ceux qui vaccinent protègent les autres, ils rendent service à l’ensemble de la filière », résume t-il. Le ministre a également insisté sur le fait que la vaccination est et reste une mesure complémentaire aux autres mesures de vigilance sanitaire qui doivent être maintenues « le vaccin est un élément complémentaire d’une stratégie d’éradication ou de diminution de la présence de l’influenza aviaire ». Parmi les mesures complémentaires, il tient d’ailleurs à saluer les mesures de dé-densifications mises en œuvre par les professionnels dans les zones les plus à risque.

Plan de vaccination officiel 

10 fiches ont été réalisées et sont disponibles en Français et en Anglais sur le site internet « https://agriculture.gouv.fr » permettant d’informer sur : une brève justification de la vaccination, la réalisation d’une expérimentation de vaccination des canards mulards en élevage, la stratégie de vaccination choisie et les raisons de ce choix, la présentation du vaccin utilisé, la description de la surveillance, les mesures de biosécurité, le système d’enregistrement des données, les restrictions applicables aux mouvements des animaux vaccinés et de leurs produits, la gestion des foyers dans un contexte vaccinal, la campagne de communication pour informer les opérateurs publics. Les principaux objectifs et cibles de la stratégie de vaccination sont de « réaliser une vaccination préventive des canards barbarie, mulard et pékin, la vaccination des reproducteurs dont les canetons d’un jour et OAC sont vers un autre État membre et les pays tiers est interdite », indique Karen Bucher, sous-directeur de la santé et du bien être animal au sein de la DGAL lors de la conférence AMVA qui s’est tenue lors du Space. « La vaccination des Gallus et autres espèces est interdite », poursuit-elle. 

Une surveillance renforcée après la vaccination est mise en place. « La surveillance passive renforcée est réalisée par l’éleveur ou le technicien de façon hebdomadaire à l’aide d’écouvillons (trachéal et oropharyngé) sur cinq cadavres. Un laboratoire reconnu réalise ensuite une analyse virologique par RT PCR en temps réel, puis si le résultat est positif un screening H5/H7  est fait », détaille-t-elle. Concernant la surveillance active, « un vétérinaire sanitaire mandaté réalisera tous les 30 jours une analyse virologique, en fin de lot une analyse sérologique à l’aide d’écouvillons (ET et ETO) sur 60 animaux et en fin de lot une prise de sang sur 20 animaux sera réalisée. Une virologie par analyse RT-qPCR est alors effectuée si le résultat est positif un laboratoire agrée réalise un screening H5/H7 ainsi qu’une sérologie par Elisa NP », complète-t-elle. 

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