Influenza aviaire H5N8 : plusieurs foyers détectés, la France entière en risque élevé

Un premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène H5N8 a été confirmé le 1er décembre 2016 par l’Anses dans une exploitation de canards située dans le Tarn. La France entière est passée le 6 décembre en risque élevé et ne pourra pas reprendre ses exportations comme prévu.
A la suite de la découverte de plusieurs foyers d'influenza aviaire hautement pathogène H5N8 dans des élevages du Sud-Ouest et de cas dans la faune sauvage dans le Pas-de-Calais et la Haute-Savoie, le ministère de l'Agriculture a décidé le 6 décembre de relever le niveau de risque vis-à-vis de la maladie au niveau "élevé" sur l’ensemble du territoire national. Ce choix a également été motivé par l’évolution rapide de la situation sanitaire en France et dans plusieurs pays d’Europe et par la dynamique de propagation du virus.
Une forte mortalité des canards avait été signalée et a entraîné des prélèvements pour analyse en début de semaine dernière. Parmi les 5000 canards que comportait l’exploi- tation, 2000 canards sont morts. Depuis, la contamination s'est étendue. Quelques 7 000 canards ont été abattus dans le Tarn. Dans le Gers, trois élevages de canards pour un total de 3 890 volailles ont été touchés (source préfecture du département, AFP). D'autres cas ont été décelés dans les Hautes-Pyrénées et le département du Lot-et-Garonne samedi. Les Landes restent en alerte. Dans le Tarn, le Préfet a annoncé que "toutes les bêtes ont été abattues dans deux élevages distincts de la commune d'Almayrac, qui semble être le point de départ de l'épizootie qui est en train de se propager".
Ce virus apparaît comme "extrêmement dangereux", soulignent les experts, car la mortalité intervient rapidement. C'est la première fois qu'un tel degré de virulence serait constaté.
Pour rappel, le même virus H5N8 a été détecté pour la première fois en France le 27 novembre dernier sur des canards sauvages dans le Pas-de-Calais. De nombreux cas ont été déclarés en Europe ces dernières semaines sur des oiseaux migrateurs mais également en élevage de volailles. Le rôle des oiseaux migrateurs apparaît prépondérant dans la diffusion de ce virus particulièrement contagieux chez les oiseaux mais inoffensif pour l’homme.
Suite à une enquête de traçabilité aval, des abattages préventifs d'animaux seront réalisés dans les exploitations liées épidémiologiquement au foyer détecté. Une surveillance renforcée sera mise en place autour de ces exploitations et une zone de protection de 3 km ainsi qu’une zone de surveillance de 10 km vont également être mises en place. A noter que ces nouveaux cas ne présentent aucun lien avec l’épisode survenu l’an dernier dans le Sud Ouest de la France.
Néanmoins, cette découverte d’un premier foyer dans un élevage commercial ne permettra pas à la France de recouvrer le 3 décembre, comme envisagé, son statut indemne d’IAHP.
Pour autant, les normes internationales de l’OIE sur la « régionalisation » des maladies animales doivent s’appliquer, et les exportations des produits de l’aviculture française doivent se poursuivre.
Pour en savoir plus, l'ensemble des mesures est détaillé à l'adresse suivante: http://agriculture.gouv.fr/lesmesures-et-indemnisations, dans la rubrique Gestion des nouveaux cas H5N8.
(Crédit photo AFP)
Le risque « élevé » entraîne la mise en place de mesures de protection renforcées sur l'ensemble du territoire national, à savoir :
→ l’obligation de confinement ou de pose de filets permettant d'empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages pour tous les élevages commerciaux de volailles (sauf dérogation précisée par arrêté) et toutes les basses-cours (sans dérogation possible)
→ l’interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes, et en particulier des marchés de volailles vivantes. Les rassemblements peuvent avoir lieu sous dérogation, si notamment des dispositions sont mises en œuvre pour éviter tout risque de contamination par les oiseaux sauvages d’eau (oiseaux de la faune sauvage susceptibles d’être infectés par l’influenza aviaire) et entre volailles issues de différents élevages .
→ l’interdiction de lâchers de gibiers à plume sur tout le territoire national. Les lâchers de faisans et de perdrix peuvent être, eux, autorisés sous certaines conditions, tout comme l'utilisation des appelants.
Enfin, le ministère rappelle qu’en parallèle de ces dispositions, des mesures de biosécurité strictes doivent être respectées dans toutes les exploitations de volailles et par toutes les personnes susceptibles de rentrer dans les élevages de volailles du territoire national.
La gestion de ce nouvel épisode d’influenza aviaire dépend de la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs du secteur.