Quel serait l’impact d’un tel arrêté sur la production ?
Le premier impact sera l’augmentation du prix des poulettes, estimé entre 1,20 € et 3,30 € par poulette selon la solution choisie. Personnellement, j’ai 30 000 poules. Avec la solution Seleggt (la plus chère), cela représenterait 100 000 € supplémentaires.
Alors, pourquoi pas si ce surcoût est transféré sur le prix de l’œuf, mais les GMS n’acceptent déjà pas d’absorber la hausse du prix de l’aliment (ou seulement de moitié), donc on a du mal à imaginer qu’elles acceptent demain de répercuter la hausse du coût des poulettes.
Quel serait l’impact sur la filière, et notamment sur le maillon génétique ?
Les producteurs d’œufs sont attachés à la diversité de l’offre en génétique. AAT (filiale du groupe EW GROUP) possède la machine Cheggy sexant à partir de la technique d’imagerie spectrale (moins onéreuse). AAT la valorise en prestation de service en interne (Hy-Line, Lohmann) comme auprès des autres sélectionneurs. Les producteurs craignent que cela puisse entrainer une distorsion de concurrence entre les couvoirs, les couvoirs externes au groupe pouvant être pénalisés par un éventuel surcoût supplémentaire.
Pour l’ovosexage des poules blanches, seule la technique Seleggt fonctionne, mais elle coûte 3,30 € par poulette ! Ce qui est très onéreux, d’autant qu’on est sur un produit de transformation destiné aux industries agroalimentaires qui cherchent avant tout un prix bas. Pour rester compétitifs, les éleveurs pourraient être tentés d’importer des poussins non sexés. Autrement dit, on arriverait à une situation absurde.
Quelles solutions préconisez-vous pour accompagner la fin de l’élimination des poussins mâles ?
Nous ne sommes pas contre cette réforme, mais elle doit avoir lieu dans tous les pays de la même façon, sinon c’est 30 à 40 % des élevages français qui vont disparaître.
Ensuite, il faut une échelle de temps qui soit réaliste. La technique va encore évoluer, son coût va baisser. Nous sommes en période de campagne électorale. Le ministre joue l’effet d’annonce, mais à si court terme et sans accompagnement, le virage risque d’être dévastateur pour la filière.
Enfin, si une partie de la population est prête à payer plus cher pour un œuf étiqueté « Sans tuer de poussin mâle » pourquoi pas, mais la hausse du coût de production devra être répercutée sur le prix de vente de l’œuf, car l’éleveur ne pourra pas l’absorber. Et pour la majorité des consommateurs, ils regarderont d’abord le prix.