Du poulet trois étoiles dans vos boites aux lettres

Installés à Orgère-en-Beauce en Eure-et-Loir, Didier et Véronique Grandvillain ne manquent pas d’imagination pour faire évoluer leur élevage. En 2014 déjà, ils nous avaient présenté leurs bâtiments mobiles et modulables. Depuis, leur volaille a séduit le chef triplement étoilé Guy Savoy. Aujourd’hui, après avoir imaginé un système d’isolation amovible et bricolé un tapis roulant pour charger les volailles, Didier et Véronique, décidément jamais à court d’idées, se lancent dans le e-commerce.
Avez-vous effectué des changements depuis le réaménagement de votre bâtiment en 2014 ?
Nous avons développé des parois amovibles à installer sur les bâtiments pendant les six semaines du démarrage où les poussins sont chauffés. Ces parois sont installées à l’extérieur du bâtiment, à 60 centimètres des parois du poulailler, et c’est cette zone tampon qui sert d’isolant. J’ai aussi ajouté un échangeur d’air.
Ce système nous a permis de réduire les coûts du gaz à 9 centimes par poussin, contre 30 centimes en moyenne auparavant.
J’ai aussi automatisé le système d’attrapage avec des tapis roulants adaptés à des remorques de caravanes. Avec des petits hochets de conduite, on pousse les volailles sur le tapis roulant qui les dirige dans une remorque. Ensuite, la remorque est amenée jusque devant un convoyeur avec tapis roulant qui débarque les volailles dans l’abattoir. Nous avons deux remorques, avec une capacité de 800 volailles chacune. Grâce à ce système, les poulets sont moins stressés, mais surtout on gagne du temps ! Il nous faut désormais 15 minutes pour attraper 1500 volailles à deux, contre 400 volailles à l’heure avant !
Enfin, j’ai mis en place le plan de biosécurité obligatoire, notamment le plan de circulation avec des sas pour se changer et une rigueur au niveau des règles d’hygiène du personnel. Mais c’était déjà plus ou moins appliqué, donc en dix minutes c’était réglé.
Entre temps, votre volaille s’est fait une place sur les plus grandes tables…
En effet, en 2016, nous avons participé au concours agricole général au Salon de l’Agriculture et notre poulet a remporté la médaille d’argent. Cette récompense nous a ouvert de très grandes portes. Grâce à cela, je fournis aujourd’hui le chef Guy Savoy (NDLR : trois étoiles au guide Michelin). Son restaurant, situé à la monnaie de Paris, en face du Louvre, a été élu plus belle table du monde en 2016. Pour nous, c’est vraiment une très belle vitrine.
Avez-vous de nouveaux projets à venir ?
Oui, nous nous lançons dans le e-commerce. Tous les magasins avec qui nous travaillons enregistrent des baisses d’activité. Cette diminution est due en partie au fait que leurs clients sont de plus en plus nombreux à faire leurs courses en ligne. Même si dans l’alimentation, la tendance se voit moins aujourd’hui que pour d’autres produits, je reste convaincu que le e-commerce est la clé de l’agriculture de demain. Donc nous nous sommes lancés. Nous faisions déjà de la vente directe donc cela n’a pas demandé d’investissement important. J’ai seulement fait faire un site par un professionnel, puis j’ai signé un contrat avec Chronopost qui s’engage à respecter la chaine du froid. Tous les jours à 14 heures, ils viennent eux-mêmes chercher les volailles.
Aujourd’hui, quelle part de votre production écoulez-vous en vente directe ?
Aujourd’hui, nous avons atteint 30 % de vente directe contre 15 à 20 % en 2014. C’est lié à la médaille, mais aussi à d’autres particularités. Nous vendons aussi en direct à plusieurs restaurateurs depuis que nous avons intégré l’association du collège culinaire de France en 2015. Enfin,
50 % de notre production part en GMS. Notre objectif, c’est de développer au maximum le lien direct avec les consommateurs.
Pour moi, l’agriculture a de l’avenir, à condition que l’on puisse se remettre en cause, se poser les bonnes questions et saisir les opportunités !
Retrouvez le reportage sur la ferme Grandvillain dans le numéro 775 de mai 2014