Alors que l’association de l’aviculture, de l’industrie et du commerce de volailles dans les pays de l’Union européenne (AVEC) soutient l’objectif de la nouvelle législation visant à minimiser le risque de déforestation lié aux produits mis sur le marché de l’UE, l’accord conclu par les décideurs politiques contient selon elle une faiblesse majeure en ce qui concerne la viande de volaille importée de pays tiers. À savoir que les producteurs peuvent continuer à utiliser du soja lié à déforestation et envoyer leurs produits sur le marché de l’UE, sans obligation de diligence raisonnable.
« La proposition de la Commission empêche uniquement que le soja importé dans l’UE soit lié à une zone déboisée. Cela signifie que les producteurs de volaille de l’UE devront s’assurer que le soja qu’ils utilisent pour nourrir leurs volailles n’est pas lié à la déforestation, en payant une prime importante », dénonce l’association dans un communiqué.
Cependant, rien n’empêche les producteurs de volaille des pays tiers d’utiliser le soja lié à la déforestation pour nourrir leurs animaux et d’exporter ensuite la viande de ces oiseaux vers l’UE, puisque l’obligation de diligence raisonnable ne s’applique qu’au soja et non à la viande de volaille.
« Pire encore, le soja qui ne sera plus utilisé par les producteurs de l’UE deviendra disponible pour eux à un prix bien inférieur… »
La viande de volaille importée de pays tiers représente une quantité importante de la consommation de viande de volaille de l’UE (800 000 T chaque année provenant principalement du Brésil, de la Thaïlande et de l’Ukraine), et aujourd’hui 25 % de la viande de blanc de volaille consommée dans l’UE provient de pays tiers.
« En fin de compte, cette loi renforcera les fournisseurs externes, tout en ne résolvant pas le problème de la déforestation et les consommateurs de l’UE pourront acheter de la viande de volaille qui a contribué à la déforestation », explique l’AVEC. Les prochains accords de libre-échange avec le Mercosur ou le Chili ne feront qu’aggraver le problème, selon l’association.
Une façon simple de régler le problème aurait été d’inclure la volaille dans le champ des marchandises qui devront se conformer à cette législation. Mais bien que le Parlement européen ait soutenu l’inclusion de la volaille dans le champ d’application de la législation, cela n’a finalement pas été soutenu lors des négociations en trilogue.
L’AVEC dénonce l’absence de réciprocité des mesures en matière d’importation, mais aussi des conséquences néfastes pour le climat.
« Nous produisons des protéines animales dans l’UE avec des émissions beaucoup plus faibles que dans le reste du monde : par conséquent, en plaçant les importations en provenance de pays tiers dans une meilleure position que la viande produite localement dans l’UE, les décideurs politiques favorisent les produits qui sont produits avec un impact environnemental plus faible », conclut-elle.
Par conséquent, l’AVEC demande aux autorités de l’UE d’inclure la viande de volaille dans le champ d’application de la prochaine révision de la législation afin de garantir des conditions de concurrence équitables pour nos producteurs.