Conditions de mise en œuvre de la vaccination IA sur le continent européen

4 avril 2023 - Sandrine Merchat

La Commission européenne a publié le 20 février 2023 un règlement délégué (2023/361) qui rend possible la vaccination en tant que mesure de prévention et de lutte pour certaines maladies répertoriées, dont l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).

Que peut-on attendre de la vaccination IAHP ? En premier lieu, elle pourra limiter l'intensité des épizooties, le nombre de foyers secondaires en tablant sur une moindre diffusion du virus, fluidifier la gestion des foyers IAHP (euthanasie, destruction, décontamination, levées de zones) et réduire au minimum les abattages préventifs. Elle aidera à maîtriser le risque de spill over (débordement de production de virus) entre secteur commercial et avifaune et ainsi assainir progressivement l'avifaune sédentaire. « La vaccination n’arrêtera pas la gestion des foyers mais elle pourra en diviser par dix le nombre. Attention nous allons diminuer l’expression clinique de la contamination qui permet de détecter l’IA. Il nous faudra un dispositif de surveillance extrêmement stricte pour accompagner cette vaccination, afin de rassurer les pays Tiers qui commercent avec l’Europe » affirme Maxime Quentin, directeur adjoint et directeur scientifique de l’Itavi

Quelle disponibilité pour les vaccins ?

Plusieurs vaccins existent déjà et sont utilisés dans de nombreux pays mais n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché européen : ils font l’objet de tests en Italie (dindes), aux Pays bas (poules pondeuses), en France (canards) et en Hongrie (oies). « Différents scenarii sont à l’étude : la vaccination des reproducteurs et dans ce cas, les animaux ne pourront pas être vaccinés au couvoir, la vaccination aux couvoirs mais il faudra des rappels dans les exploitations. Dans tous les cas la mise en œuvre doit être rapide avant la période de migration mais la donnée cruciale est celle de la disponibilité des vaccins car c’est une panzootie et de nombreux pays ont déjà commencé à vacciner les animaux. Il faut entre quatre et huit mois de délai de fabrication des vaccins après la commande au laboratoire » alerte-t-il. Un programme de monitoring rapproché et rigoureux des lots vaccinés (et non-vaccinés le cas échéant), requis par les autorités, garantira la crédibilité et l'efficacité de la stratégie vaccinale retenue. Il devra se conformer aux contraintes édictées par le Projet d'Acte Délégué Européen et se substituera aux plans de surveillance renforcée propres aux interprofessions.

Plan de surveillance proposée par la Commission européenne

Le plan prévoit :

- une surveillance hebdomadaire sur les animaux trouvés morts avec l’analyse de chaque animal et une visite vétérinaire obligatoire pour confirmer la santé des animaux accompagnée d’écouvillons d’animaux vivants.

-Un contrôle des animaux avant chaque départ du poulailler, une surveillance avec une prise de sang sur 60 animaux et 20 sérologies Diva

« Cette surveillance nécessite un peu de logistique dans la mise en œuvre, du travail d’encadrement. Nous avons un mois pour demander à la DGAL de surseoir à ses mesures qui posent également des problèmes chez nos confrères européens. Pour autant elles rassurent les pays tiers » ajoute-t-il.

Tableau : Plan de surveillance

Par espèces

 

Surveillance hebdo sur animaux morts (PCR)

Visite véto mensuelle

Visite véto 72h avant déplacement

Virologie 60 animaux

20 sérologies Diva

Barbarie

8

2

2

4

3

Mulards

8+8

2

2+8

12

3+8

Dindes

14

3

2

5

3

Pondeuses

14+40

3+11

1+1

16

2+1

Poulets LR/AB

9

2

1

3

2

Poulets Std

5

0

1

1

1

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