A Rennes, troisième escale des Journées Optiponte 2017

Les journées Optiponte 2017 organisées par la firme-services Provimi ont permis de rappeler quelques règles essentielles concernant la préparation des poulettes et le début de ponte afin de répondre aux objectifs de production, et donc à la demande du marché. L'occasion aussi de réactualiser les besoins en Ca/P et de sensibiliser sur l'intérêt des phytases et des fibres en filière ponte.
« Nous avons fait évoluer le programme alimentaire des poulettes pour tenir compte des enjeux du marché. On est aujourd'hui sur un niveau de production de 310 œufs à 70 semaines d'âge là où les prévisions des sélectionneurs à 2020 tablent sur 500 œufs à 100 semaines, ce qui suppose des poules résistantes sur le long terme et une qualité d'oeufs qui tient la route », a annoncé Michel Richet, directeur du service volailles de la firme-services Provimi, le 20 janvier à Rennes à l'occasion des Journées Optiponte 2017. Une rencontre organisée tous les deux ans et déclinée en trois lieux : Valence, Lille et... Rennes, donc.
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La préparation de la poulette, une étape clé
En matière de productivité, la préparation de la poulette s'avère un élément déterminant. « Le poids à 5 semaines est très fortement corrélé aux performances de ponte et au nombre d'oeufs produits », précise Michel Richet.
Si les sélectionneurs affichent des objectifs de poids au transfert (17 semaines) assez proches et supérieurs à 1,4 kg, « concernant les lots destinés aux élevages au sol ou en volière, il vaut mieux viser 1,450 kg voire 1,5 kg compte tenu des sous-consommations observées en élevage », recommande-t-il. Aussi, la distribution d'un aliment préstarter miettes, riches en acides aminés et matières premières digestibles, pendant les deux premières semaines d'élevage, a selon lui tout son intérêt : « Les poulettes élevées au sol et nourries avec le préstarter affichent des poids supérieurs à 4 semaines et conservent cet avantage jusqu'au bout par rapport aux animaux témoin ». En fait, le développement du squelette (fémur, bréchet) est plus important chez les poulettes recevant le préstarter couplé à une augmentation du dépôt de calcium dans l'os médullaire. Par ailleurs, on observe également chez ces poules une augmentation significative du nombre d’œufs à 60 semaines.
Un phénomène couramment observé au moment de l'entrée en ponte : dès les premiers œufs, les poules ne poussent plus, la croissance chute. « Il faut préparer les poulettes à consommer suffisamment et veiller à ce qu'elles accumulent des réserves suffisantes pour compenser ce phénomène », préconise-t-il. Le risque sinon est de se retrouver avec des poules affaiblies et de voir la production d’œufs baisser. « En conditions d'élevage au sol, les poulettes dont le poids était 15 % supérieur à la normale, montrent un taux de ponte plus élevé en début et milieu de ponte », affirme-t-il. L'idéal est selon lui d'apporter un régime un peu moins riche en protéines (-10%) afin de favoriser un léger dépôt de gras sur l'animal (réponse curvi-linéaire sur la ponte et la qualité d’oeuf).
Le bon aliment au bon momentVers 5-6 semaines (aliment croissance), se met en place le système cardio-vasculaire et végétatif et l'on a une augmentation de la masse osseuse. L'objectif de poids à 6 semaines se situe à 470 g, sachant que sur la période 7-11 semaines, le poids va être multiplié par deux (développement du squelette et de la masse musculaire).
Entre la 11-12ème semaine et la 16ème semaine (période de finition), il privilégie un aliment dilué fibreux (10 à 15 % de son), afin d'augmenter la consommation des poules, préparer l'entrée en ponte et préserver le foie des animaux. « Évitez les aliments riches en maïs qui favorisent le dépôt de glycogène et l'engraissement du foie à un moment où les poules sont beaucoup sollicitées par les vaccinations, un aliment dilué va au contraire favoriser le confort sanitaire, le bien-être de l'animal et donc la prise vaccinale », explique-t-il. En témoigne le ratio cellules hétérophiles/lymphocytes (indicateur de stress) plus bas chez les animaux recevant l'aliment dilué. La consommation d'aliment de ces derniers s'avère également supérieure avec une meilleure prise de poids et un maintien de la croissance malgré les vaccinations. Par rapport aux poulettes ayant reçu un aliment plus riche énergie, l'emplumement est aussi amélioré en ponte à 49 semaines. « Les bénéfices mesurés sur l'état sanitaire sont perceptibles bien au-delà du début de ponte », ajoute Michel Richet.
L'aliment pré-ponte sera lui enrichi en calcium et plus riche en énergie sachant qu'au cours des 15 jours précédant la ponte, l'oviducte se développe (+ 100 g sur une prise de poids totale de 150 g) avec en parallèle, la sécrétion d'hormones impliquées dans la formation de l'os médullaire.
Eviter la consommation ad libitum en élevage de poulettes mais au contraire deux repas bien distincts avec la mise en place d'un vide de chaîne suffisant (4 heures) pour développer le système digestif et la une capacité d'ingestion assez forte et rapide. Cette pratique a un impact positif sur la croissance, l'uniformité du lot, le poids à 17 semaines, le poids du jabot et le poids vif.
Ne pas rater le début de ponte…
« Bien utiliser l'aliment début de ponte (jusqu'à 28 sem) suppose une bonne coordination entre l'éleveur de poulettes et le producteur d'oeufs », déclare Pierre Le Rossignol, chef de produit. Alors qu'il faudrait une augmentation régulière de l'ingéré (de 60-70 g à 110-120g/PP) et de la croissance pour optimiser le pic de ponte, on observe souvent sur le terrain, une stagnation de la croissance vers 20-21 semaines avec derrière des conséquences sur la qualité des œufs, la persistance de ponte et l'homogénéité des lots.
Les toutes premières semaines suivant le transfert représentent une phase de stress pour les poules qui doivent s'acclimater à leur nouvel environnement. Les différences de matériels, de qualité d'eau sont potentiellement générateurs de dysbactériose. « Une attention particulière doit être apportée à l'aliment début de ponte pour éviter les phénomènes de sous-consommations, de diarrhées qui pénalisent la prise de poids et la ponte », explique-t-il. Idéalement, les poules doivent prendre 365 grammes entre la 18ème et la 23ème semaine, soit un peu plus de 10 g/jour. « C'est l'une des conditions de la réussite future », affirme-t-il.
Intérêt d'un aliment « booster »
Le niveau de protéines optimal pour l'aliment début de ponte dépend à la fois de la souche, du lot, des niveaux de consommation des poulettes et pondeuses, du mode d'élevage, sans compter que derrière les valeurs moyennes, se cachent parfois de gros écarts (problème d'hétérogénéité). « Mais les fabricants d'aliment ne font pas de formule d'aliment par éleveur ou par souche, ils proposent une formule qui va convenir à la majorité des lots, même si certains commercialisent des gammes spécifiques », souligne Pierre Le Rossignol. Caler un plan de contrôle des matières premières (analyses NIR) est selon lui pertinent afin de ne pas compter sur des acides aminés virtuels.
Concernant les poules rousses, les préconisations en protéines des sélectionneurs varient de 17g/jour à 20-21g/j, le niveau de lysine de 0,7 à 0,85g/j, celui de méthionine de 0,36 à 0,45 g/j. Des essais menés sur des poules Lohmann rousses et blanches ont montré que plus on augmente le niveau de lysine équilibrée, plus on augmente le taux de ponte (début de plateau à 750 mg/j), le poids moyen d’oeuf (plateau à 800 mg/j) et la masse d'oeuf (max à 800 mg/j). Si l'on raisonne croissance de la poule, l'optimum se situe à 750 mg/jour de lysine pour un ingéré de 110 grammes, si l'on raisonne masse d'oeuf, on se situe autour de 800 mg/j. 775 mg/jour constitue un bon compromis pour des poules de plus de 26 semaines. Par contre, pour prendre en compte la croissance de la phase 17-26 semaines, il convient de viser 830 mg/j. Ceci permet de déterminer le profil en protéine et AA de la formule début de ponte.
Mais parfois, l'ingéré est plus proche des 90 grammes que des 110 grammes théoriques, il peut être judicieux sur les lots très hétérogènes avec des sous-consommations, de recourir pendant 3-4 semaines à un aliment « booster » enrichi en protéines (18,2 %, 8,1 g de lysine) et en huiles, avec en parallèle des acides organiques pour sécuriser la flore digestive, suggère-t-il. Le tri et la mortalité sont ainsi réduits. « Ce n'est pas un investissement perdu : sécuriser le début de ponte a des conséquences immédiates mais aussi à long terme sur la carrière de la pondeuse sur la deuxième partie de ponte (persistance, solidité de coquille, IC) », insiste Pierre Le Rossignol.
Comment agir sur le calibre…
Un calibre qui augmente vite et reste aux alentours de 61-62 grammes, telle est la demande du terrain aujourd'hui. « Mais si on touche au calibre, on joue en même temps sur d'autres paramètres (taux de ponte, masse d’œuf, indice de consommation, coût de revient à l’œuf et à la masse) », rappelle Alain Corniaux, chef de produit.
Il existe plusieurs leviers d'action pour jouer sur le calibre, à commencer par l'aspect préparation de la poulette : programme lumineux (phase dégressive, phase de plateau, phase stimulation), management des poids.
« Le programme lumineux est défini dès le début en fonction des objectifs de ponte, quoi qu'il en soit, il ne faut jamais stimuler des poulettes si le poids de référence n'est pas atteint », rappelle-t-il. Si l'on souhaite augmenter le calibre, il faut pratiquer un dégressif lent et opter pour un plateau plus court. Dans l'optique inverse, on sera déjà au plateau à 5 semaines. En matière de stimulation lumineuse, « une semaine de décalage, c'est un gramme de poids moyen d'oeuf sur toute la durée de ponte ».
Le gabarit de la poulette joue également : plus il est important, plus le calibre d’œuf augmente. C'est vrai tout le temps, et particulièrement en début de ponte. Une variation de 100 grammes dans le poids de la poulette correspond à 1 g de différence sur le calibre. « Il faut continuer à peser les poules même après 22 semaines », recommande-t-il, car un manque de poids se traduit inévitablement par une baisse de ponte.
Il existe également des écarts en fonction des souches, ainsi les organisations de production et les éleveurs choisissent leur génétique dès le départ en fonction de leur objectif de calibre et leurs débouchés.
La température a également une influence sur le calibre : au-delà de 23-24°C, le calibre baisse de 0,4 % par °C en plus, et de 0,8 % par °C supplémentaire au-delà de 28°C.
Les leviers alimentaires
Plus on apporte de protéines et d'acides aminés dans la ration, plus on augmente la masse d’œufs (taux de ponte et calibre). Tous les acides aminés jouent sur le calibre, ainsi une déficience en acides aminés secondaires entraîne rapidement (au bout de deux semaines) une baisse de calibre. Un apport renforcé en acides aminés soufrés permet d'augmenter le calibre, toutefois l'effet plateau est vite atteint, alors attention à ne pas monter trop haut sous peine de rejets dans l'environnement.L'apport de matières grasses riches en acide linoléique (huile de lin, huile de raisin) ou une augmentation du niveau énergétique de la ration impactent aussi le poids de l’œuf à la hausse (effet visible au bout de 2 semaines). Face au manque de disponibilité de certaines matières premières en usine d'aliment, Alain Corniaux précise : « Le taux d'huiles est aussi important que le type d'huiles : +100 Kcal dans la ration équivaut à +0,4 g d’œuf ». Une remarque néanmoins : si le niveau d'énergie de l'aliment est déjà élevé, rajouter de l'huile n'apportera rien de plus.
La granulométrie de l'aliment a également son mot à dire… Plus un aliment est fin, moins l'ingéré est important, plus le poids d’œuf est pénalisé. Les variations de granulométrie observées sur le terrain peuvent expliquer jusqu'à 3 g d'écart sur le poids de l’œuf.
Pour aider les professionnels de l’œuf à prendre les bonnes décisions dans l'arbitrage de leurs programmes alimentaires, la firme-services Provimi travaille à la mise au point d'un outil d'aide à la décision très précis : le Tech Lay Flex.
→ Retrouvez l'intégralité de cet article dans le numéro du mois de mars de Filières Avicoles (n°806, p.34).